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Contributions à l'histoire de l'enfance aux XVIIIe et XIXe siècle
18 avril 2023

Prendre la mesure d’un terrible drame : l’évolution du nombre des abandons entre l’an 3 et 1857 à l’hôpital d’Orléans.

La présente contribution a pour objet de mesurer, au niveau orléanais, ce qui fut à la charnière des XVIIIe et de la première moitié XIXe siècle « un terrible drame » pour reprendre l’expression de Jean-Bardet et Muriel Joerger dans La société́ face au problème de l’abandon. [1] Avant d’étudier la situation locale, nous replacerons le phénomène dans son cadre national. Deux aspects de la situation orléanaise seront ensuite étudiées : l’aspect quantitatif et les fluctuations chronologiques. Enfin, nous nous intéresserons aux mesures mises en oeuvre pour limiter le nombre d'exposition.

Par son sujet, notre propos est construit sur de nombreux chiffres, il nous semble important de ne pas perdre de vue que derrière ces données se trouvaient des êtres humains : abandonnés, abandonneurs, administrateurs et personnels des hospices, responsables politiques nationaux et locaux. L’enfant trouvé, abandonné, orphelin pour reprendre les trois catégories définies par le législateur est le point de rencontre, comme le pointe Muriel Jeorger,  entre deux groupes sociaux : « d'un côté́, les abandonneurs, issus des classes les plus défavorisées ; de l'autre, en position de payeur et de décideur, le milieu bourgeois auquel appartiennent les observateurs sociaux, les membres de la haute et moyenne administration, les élus locaux et nationaux, les élites en somme, dont dépend, à des degrés divers, le sort des enfants trouvés. » [2]

L’évolution en France entre 1815 et 1883. [3]

La situation sous l’Ancien Régime et la Révolution.

Si le problème de l’abandon des enfants est une source de préoccupation pour les autorités, elles n’en ont cependant qu’une connaissance très lacunaire de son importance dans le royaume. Ceci s’explique par le fait que les abandonnés sont à la charge des autorités locales. Néanmoins, le pouvoir central est conscient de la croissance constante du phénomène. L’absence de statistique avant le 1815 ne permet pas de dresser une situation précise pour la période révolutionnaire. Muriel Jeorger conteste l’hypothèse d’une baisse des abandons à cette époque : « la baisse qui se serait produite sous la Révolution, en parfaite contradiction avec l'idéologie de l'époque, favorable aux « enfants de la Patrie », bien répandue par des circulaires même si l'argent fait défaut, est un leurre que notre groupe de travail parisien est en train de démontrer. Les rapports des ministres de l'Intérieur Chaptal en 1801 et Laine en 1819 insistent, tous, sur la croissance des effectifs. Ceux-ci, peu fiables dans le détail, mais globalement recevables, sont continûment à la hausse : stock de 40 000 enfants trouvés en 1790, de 63 000 en 1801… » [4]

L’évolution du nombre des abandons en France entre 1819 et 1883.

Muriel Jeorger s’appuyant sur les données de la Statistique générale de la France (SGF), tout en en pointant les limites, dresse l’évolution des abandons en France. Elle décèle pour la période indiquée deux grandes phases :

« La première s'étend de 1819 à 1835 : les chiffres d'abandon, chaque année, sont énormes et se révèlent, presque constamment, croissants.

La deuxième phase fait apparaître, de 1833 à 1881, une baisse rapide et spectaculaire. »[5]

Une progression constante 1819 -1833.

A partir de 1819 les chiffres de la Statistique générale de la France sont fiables, si parmi les abandons peuvent se trouver des enfants secourus ponctuellement, le nombre des abandons passe de 32 148 en 1819 à 35 863 en 1831. Le nombre d’enfants existant au premier janvier de l’année passe quant à lui de 97 855 en 1819 à 130 945 en 1833.

Les raisons de l’augmentation des abandons entre 1819 et 1835.

S’inscrivant dans une dynamique ancienne,« La hausse du nombre des enfants trouvés, à partir de 1811, est certainement à mettre en relation avec la multiplicité́ des hospices dépositaires, la présence de tours « innombrables »[6] et les fraudes liées aux facilités d'abandon, alors, offertes. Necker à la fin de l’Ancien régime avait déjà pointé que les hôpitaux accueillant les enfants trouvés incitaient à les faire élever au frais de l’État, multipliant ainsi les abandons. La proclamation du décret de 1811[7] allait amplifier le phénomène. Son article 3 stipulait « Dans chaque hospice destiné à recevoir des enfans trouvés, il y aura un tour, où ils devront être déposés. » Il était complété par l’article 4 « Il y aura au plus, dans chaque arrondissement, un hospice où les enfans trouvés pourront être reçus. » [8] En 1831, la France comptait 264 hospices accueillant des enfants trouvés. Avant ce texte, les tours étaient rares en France, notons qu’Orléans en possédait un depuis « des temps immémoriaux ».[9] Si certains hospices le refusèrent, le décret allait en entraîner la création de centaines.

Le Loiret, pour sa part en compta 4, un pour chaque hospice d’arrondissement. Celui de Pithiviers fut ouvert peu de temps,[10] il ferma en 1817 ; Gien cessa de recevoir des enfants en 1832 ; Montargis fonctionna jusqu’en 1838 ; Orléans en 1857. Les trois premiers étant des créations en lien avec le décret de 1811.

Si dans l’esprit du législateur, la mise en place des tours avait pour but « de protéger la vie de l'enfant mis au monde par une fille-mère assurée d'abandonner son bébé́ dans le secret et que l'infanticide aurait pu tenter. » [11] Le décret de 1811 eut comme conséquence de faciliter, pendant une vingtaine d’années, dans la France entière et d’accroître le nombre des abandons. Il favorisa aussi la fraude, des mères ayant abandonné leurs enfants réussissaient à devenir nourrices payées de leurs bébés. Sur ce sujet, Muriel Jeorger précise que « Ce trafic, [était] trop dénoncé́ pour être sans aucun fondement. » [12] Si le décret de 1811 provoqua un accroissement des abandons en facilitant le geste, la situation économique prévalant depuis la fin de l’Ancien régime, la précarité de toutes ces femmes seules souvent isolées, au salaire trop faible pour concilier travail et prise en charge de l’enfant, ajoutés aux différentes situations de détresse révélées dans les billets restent le moteur principal de cette hausse. Le décret de 1811 et les tours simplifiaient d’un point de vue pratique l’abandon.

La situation entre 1831 et 1861.

Entre 1831 et 1881, au niveau national, « la courbe des abandons est globalement à la baisse ». [13] Pour la période 1831-1861 qui correspond sensiblement à notre champ chronologique, le nombre des enfants abandonnés passe de 35 865 en 1831 à 17 020 en 1861 « soit une diminution de près de la moitié des entrées (52,5%) en 30 ans. »[14] La diminution des effectifs est de 50 710 enfants soit moins 61,3 %. Il s’agit bien sûr d’une chute due à la baisse des entrées. Cette diminution s’explique selon Muriel Joerger par trois facteurs « la diminution du nombre des hospices, la suppression rapide des tours et la mise en place progressive des aides (qualifiées bientôt de temporaires) destinées aux filles-mères. » [15]  La suppression des tours impliquait le dépôt de l’enfant dans un bureau ouvert, ce qui mettait fin à l’anonymat. De surcroît, se rendre dans l’établissement dépositaire restait ouvert, induisait aussi des distances plus longues à parcourir ce qui pouvait aussi être un frein et « peuvent avoir donné́ à la décision d'abandonner un bébé́, un coté́ moins impulsif. » [16]Nous verrons plus loin que cela ne fut pas le cas dans le Loiret. Dans son article Muriel Joeger établit une corrélation entre la diminution du nombre des hospices dépositaires et des tours et la baisse du nombre des abandons. Ainsi, 112 furent fermés entre 1823 et 1837 d’après Léon Lallemand.[17]

Si la politique de fermeture des tours fut efficace, se posait cependant le devenir des femmes ne pouvant garder leur enfant et souhaitant préserver leur anonymat. Le risque d’infanticide, raison d’être pour certains décideurs politiques des tours, se retrouvait posé. La mise en place d’aide aux filles-mères, « inaugurées par le décret du 17 Pluviôse An II, accorda pour la première fois « des secours à une mère et à son enfant naturel, exécuté jusqu’en 1799 »[18]  pouvait s’avérer une solution. Il semble, selon Muriel Joerger, que l’idée fut relancée en 1837 par le ministre de Gasparin dans son rapport au Roi Louis Philippe. En 1848, 51 départements distribuaient ce type de secours. L’adoption de cette aide, si elle avait comme objectif l’intérêt de l’enfant, présentait aussi un aspect financier important. « Les départements avaient tout à gagner à multiplier des secours qui duraient trois ans au plus (au lieu de douze ans, durée de la prise en charge d'un abandonné mis en pension à la campagne) et représentaient environ la moitié́ de ce qu'on accordait localement à une nourrice. » [19]Ces aides eurent comme conséquence une hausse des mères souhaitant garder leur enfant. Le terminus chronologique de notre étude étant 1857, date de la fermeture du dernier tour du Loiret à l’hôpital d’Orléans, nous renvoyons à l’article de Muriel Joerger pour l’évolution de la situation nationale au-delà de cette date afin de nous consacrer au cas orléanais.

Les chiffres des expositions à l’hôpital d’Orléans.

Trois aspects seront envisagés dans notre propos, le premier concerne l’évolution du nombre des enfants exposés tout au long de la séquence chronologique de notre étude. Le second présente les fluctuations du nombre d’enfants se trouvant à la charge de l’institution. Le troisième porte sur les analyses et les remèdes que les administrations : hôpital, Conseil général en charge des abandonnés firent et mirent en place pour contenir le phénomène. Le graphique ci-dessous nous permet de visualiser l’évolution du nombre d’enfants exposés dans le tour entre l’an 3 et 1856.

 

 

L’explosion des expositions à partir de l’an 12 (1803-1804).

Si le nombre des expositions connaît une légère hausse à partir de l’an 3 avant de se stabiliser entre 60 et 70 cas jusqu’à l’an 12, à partir de cette date, on peut parler d’une véritable explosion des dépôts d’enfant dans le tour : 120 en 1806, 165 en 1807, 173 en 1808 et 203 en 1809. Cette situation n’échappa pas à la commission administrative de l’hôpital qui notait en 1810 dans un rapport en réponse à une enquête préfectorale : « pendant les quatre dernières années, la population s’est accrue de 128 enfans soit plus d’un ¼ .» Si la tendance du premier semestre de 1809 marquait un répit, les administrateurs n’entrevoyaient cependant pas de baisse pour 1810, ce qui allait se révélait exact. Chose étonnante, les administrateurs mettaient sur le compte des « effets salutaires de la vaccine […] qui conservaient à la société le grand nombre d’enfans que la vérole moissonnait chaque année, il mourrait alors beaucoup plus d’enfans qu’aujourd’hui. » Pour faire simple en vaccinant, on épargnait des vies et donc on augmentait les expositions. Un peu plus loin dans le rapport, trois causes principales étaient mises en avant pour expliquer l’augmentation des dépôts. Tout d’abord l’exposition « de certains enfants qui seraient dans le cas d’être refusés sous le titre d’enfans abandonnés », le pouvoir d’attraction d’Orléans sur les départements voisins « ce qui leur donne plus d’occasions d’y apporter des enfans ». Notons qu’à cette date les tours ne sont pas encore institutionnalisés. Enfin, « la plus véritable cause de cette affluence qui nous afflige et nous étonne c’est n’en doutons pas l’immoralité qui a pénétré, à la suite de la licence dans les hameaux comme dans les villes, partout les hospices se plaignent que leurs ressources sont insuffisantes pour recueillir ces tristes victimes du libertinage. » Ce thème de l’immoralité, la débauche, le libertinage et son corollaire de maladies vénériennes allaient souvent revenir sous la plume des différentes personnes en charge du dossier des enfants trouvés, abandonnés. Face à cette situation, les membres de la commission administrative se sentaient plutôt démunis. S’ils partaient du principe qu’un certain nombre d’enfants ne relevait pas de la charité publique, confrontés au principe de l’anonymat, ils ne voyaient guère comment « réprimer les abus ». L’augmentation des expositions renvoyait les administrateurs au problème récurrent du financement des différentes missions de l’institution : asile des vieillards et des infirmes. En effet il était impossible de réduire le nombre de lits qui leur étaient dévolus au profit des enfants. La commission administrative se refusait d’« être forcée d’établir entre eux une concurrence d’âge, d’infirmité et de dénuement. » S’en remettant à l’autorité supérieure, elle demandait à ce que des fonds supplémentaires soient affectés pour l’entretien d’une nouvelle classe d’enfants « ceux que l’indigence de leurs parents mettait dans l’impuissance de les élever ».

Les administrateurs n’avaient guère d’espoir de voir le nombre d’enfants originaires des départements voisins diminuer du fait de l’attraction d’Orléans. De plus le montant des rétributions versées aux nourrices était susceptible de tenter « la cupidité des femmes étrangères et de déterminer l’apport d’un grand nombre d’enfans qu’elles s’empressent de venir retirer comme nourrices. » Néanmoins, si cette hypothèse ne reposait sur aucune preuve, ce phénomène dénoncé à plusieurs reprises dans différents endroits devait aussi concerner le Loiret.

Des raisons d’espérer.

Le tableau dressé par la commission traduisait une situation compliquée néanmoins l’espoir était de mise, il résidait dans « l’influence heureuse d’un gouvernement bienfaisant et juste ami de la morale et de la religion. » « La position difficile où nous place la trop grande affluence d’enfans trouvés, n’est pas à nos yeux ni sans espoir, ni sans remède nous en avons vu la cause dans l’immoralité fruit honteux de la licence, le mal causé par la licence l’ordre et les moeurs le répareront, bientôt nous aurons la douce satisfaction de proclamer des résultats contraires, ce que peut dans l’influence heureuse d’un gouvernement bienfaisant et juste ami de la morale et de la religion qui l’enseigne. Il a fallu peu de tems pour corrompre la masse du peuple, il en faut davantage pour la retremper, mais déjà le progrès du bien est sensible, les effets n’en peuvent être ni tardif ni douteux. » Rappelons qu’à cette époque, nous sommes sous le régime du 1 er Empire proclamé en 1804, les administrateurs font partie de « ces masses de granit » expression prise dans son sens politique, soutien du régime.

Des espoirs déçus : l’évolution de nombre d’enfants trouvés entre 1811 et 1832.

L’espoir mis dans le gouvernement impérial n’eut guère de conséquence sur le nombre d’enfants exposés au tour d’Orléans. Les dépôts vont se maintenir au-dessus de 200 par an, passant de 250 à partir de 1815 pour atteindre un maximum de 283 en 1820. Ils connurent ensuite une chute sensible en repassant sous les 200 expositions par an jusqu’en 1835.

Deux faits sont à prendre en considération pour expliquer cette situation, sans qu’il soit évident de saisir comment ils interagissent. Le premier concerne l’ouverture des tours de Gien et de Montargis à la suite du décret de 1811, il est possible que cela ait limité les apports d’enfants à Orléans. Mais la situation économique avec une hausse très importante du prix du pain en 1812,[20] attestée dans les délibérations du Conseil municipal d’Orléans suivie de la crise de 1816-1817 trouvant son origine dans l’occupation militaire de 1815, la crise industrielle et la mauvaise récolte en 1816 [21]  ont probable atténué les effets de ces deux créations ; ces derniers ne se faisant sentir qu’à partir de 1821.

Dans les années qui suivent, les observations de la commission administrative ne concernent plus l’augmentation des effectifs, mais se concentrent sur sa conséquence la plus directe : la situation financière du service. Les lettres se succèdent pointant les difficultés et réclamant des moyens supplémentaires.

Les conséquences de la fermeture des tours de Gien et de Montargis.

Si en 1835, 203 enfants étaient déposés dans le tour orléanais, leur nombre était de 262 en 1838. Le nombre d’enfant accueillis cette année-là atteignait 376 en intégrant les enfants admis comme abandonnés, les orphelins et ceux dont les mères avaient accouché à la maternité, mais étaient reparties sans leur enfant du fait de leur indigence.

Début 1839, Mr Dequoy," administrateur des hospices sur les enfans trouvés présentait à la commission administrative un rapport sur les conséquences financières de cette augmentation. « Le rapide accroissement du nombre des enfans trouvés amenés à notre hospice et par suite l’augmentation de la dépense qu’ils occasionnent mérite toute notre attention depuis que par divers arrêtés Mr Le Préfet du Loiret a fait fermer les tours d’arrondissement qui restaient ouverts à ces infortunés tous ceux qui naissent dans les 363 communes qui le composent  sont conduits à Orléans, il en arrive même d’arrondissements limitrophes qui n’appartiennent pas au département tels ceux de Romorantin et d’Étampe, c’est le résultat inéluctable de la réduction des crèches. Nous ne recevons pas seulement les enfans trouvés ; depuis un an Mr Le Préfet nous adresse exclusivement tous les enfants abandonnés du département. » La suite de son propos concernait des problématiques financières qui seront étudiées ultérieurement. Signalons simplement que le sieur Dequoy s’appuyait sur la législation en cours, en particulier le décret de 1811 qu’il citait intégralement. Il pointait les conséquences de la fermeture des tours de Gien en 1832 et Montargis en 1838 sous un triple aspect : explosion des expositions, mortalité en nette hausse et la très grande difficulté pour l’établissement à faire face à l’augmentation des dépenses liées aux enfants trouvés et abandonnés. Le constat de Mr Dequoy fut repris dans le rapport moral de 1839 de l’hôpital général. Constatant la hausse des expositions, il était écrit « La cause en est tout entière due à la suppression du tour de Montargis, fermé le premier janvier de l’année dernière, le même effet s’était fait sentir ; mais de façon moins forte en 1833 lors de la suppression du tour de Gien. » S’appuyant sur les derniers chiffres, la commission administrative prévoyait « que la suppression des dépots d’enfans trouvés dans les hospices d’arrondissements va immédiatement occasionner à l’hospice d’Orléans, une augmentation de plus d’un tiers dans le nombre des admissions ; il est même à craindre que cette proportion soit promptement passée ! Car l’hospice de Montargis seul recevait annuellement environ 150 enfans et malgré l’éloignement tout fait présumer que l’on trouvera les moyens de les faire exposer pour la plupart à Orléans. » [22] Ce transfert des expositions de Gien et de Montargis eut-il lieu mais dans quelle proportion ? Seules des données sur l’origine géographique des enfants exposés permettaient de répondre à cette question.

L’origine géographique des enfants exposés.

L’origine géographique des enfants exposés dans le tour n’est pas évidente à cerner, un grand nombre d’entre eux étant exposé sans élément de localisation.

Dans son rapport du 13 juillet 1846, le docteur Pelletier, inspecteur des enfants trouvés et abandonnés, communiquait les résultats de son enquête sur l’origine de 188 enfants exposés entre le 22 décembre 1845 et 8 juin 1846. De son observation, il ressortait que 32 enfants provenaient de la maternité, 45 des arrondissements de Gien et de Montargis, 46 d’Orléans et 58 de ses environs, 7 étaient non identifiés. On ignore comment il avait procédé pour déterminer l’origine des enfants.[23]On constate que d’après ses chiffres près d’un quart des exposés à Orléans était originaire des arrondissements de Gien et Montargis. Ces remarques ne pouvaient que confortait les administrateurs dans leur opinion sur les méfaits pour leur établissement de la fermeture des tours de Gien et Montargis.

L’explosion des expositions

Les craintes de la commission administrative allaient s’avérer exact es en 1840 le nombre des expositions frôlait les 300 (293), puis franchissait la barre des 350 en 1841 (364). Dans les 15 années qui suivirent le nombre des dépôts au tour oscillèrent entre 300 et 350, atteignant un maximum de 376 en 1856, dernière année de son ouverture. Rappelons que ces chiffres ne concernent que les expositions au tour, le nombre d’enfants admis à l’hôpital était de 401 en 1840 et 1841 en prenant en compte les autres abandonnés et les orphelins.

L’importance des expositions dans le département était un fait bien établi, en 1846, le préfet de Villeneuve signalait que le baron de Watteville, inspecteur des établissements de bienfaisance plaçait le Loiret dans les 13 départements « qui ont leur charge les plus grand nombre d’enfans trouvés ». On y comptait un enfant trouvé pour 189 habitants contre 1 dans le Loiret contre 1 pour 453 en Eure-et-Loir, les deux circonscriptions étant placées selon lui dans des conditions à peu près semblables.[24]Les raisons de cette explosion des expositions ont été esquissées : crise économique, hausse du prix de pain, fermeture des tours d’arrondissement, nous nous proposons d’y revenir les lors d’une étude ultérieure, en particulier, en écoutant la parole des abandonneurs transmise par le biais des billets.

Evolution du nombre d’enfants à la charge de l’hôpital d’Orléans entre 1806 et 1856.

Le graphique ci-dessous permet de visualiser l’évolution du nombre d’enfants à la charge de l’hôpital d’Orléans entre 1806 et 1856 soit sur 50 ans. [25] Les chiffres correspondent aux effectifs au 31 décembre de l’année considérée et concernent toutes les catégories d’enfants qu’ils soient hébergés dans l’institution ou à la campagne (en nourrice ou en apprentissage).  Ils sont le résultat des mouvements de la population : admissions et sorties pour diverses raisons (principalement décès ou repris par leurs parents). Le graphique atteste une hausse constante des effectifs à partir de 1806, de 400 enfants, il atteint un premier maximum à 1 021 au 31 décembre 1833. En 20 ans de 1806 à 1826, les effectifs ont doublé, il augmente à nouveau de 200 individus dans les sept années qui suivent. Une courte décrue s’amorce ensuite jusqu’en 1836 (853) avant de repartir à la hausse avec un deuxième pic en 1840 (1041). Une deuxième diminution est perceptible entre 1840 et 1848 (814). Cette baisse était mise sur le compte des secours temporaires comme en atteste la citation ci-dessous.

 

AD 453L 1 Commission administrative de l’hôpital d’Orléans, compte moral de 1849.

L’effectif se maintint cependant au-dessus de 800. Il faudra attentre 1855 pour le voir diminuer à 750. Si avec la suppression du tour, la chute du nombre des enfants exposés fut réelle, elle n’eut pas un effet immédiat sur le nombre d’enfants présents du fait du cumul des années précédentes. [26] Fort logiquement, la courbe des enfants à la charge de l’hôpital épouse les fluctuations de celle des enfants exposés, car ces derniers fournissaient la très grande majorité des admissions. En moyenne entre 1826 et 1856, l’hôpital d’Orléans avait sous sa responsabilité 878 enfants. Tous n’étaient pas présents à la crèche, ils eny vivaient, toujours au 31 décembre, suivant les années, entre 40 et 183 pour une moyenne de 102, soit 11,6 % de l’effectif. Nous reviendrons dans une publication ultérieure sur ces données.

La réaction des autorités nationales à l’explosion du nombre des abandons.[27]

Si la généralisation des tours pouvait être une réponse aux abandons sur la voie publique, il s’avéra rapidement qu’elle provoqua une explosion des admissions. Le gouvernement était effrayé, du reste, de l'augmentation des abandons ; le 27 mars 1817, le sous-secrétaire d'État de l'intérieur appelait l’attention des préfets sur l'énorme accroissement du nombre de ces enfants exposés et abandonnés. « Des abus nombreux se commettent dans l'admission des enfants au rang des enfants trouvés et enfants abandonnés. Dans plusieurs départements, où l'on a vérifié avec quelque sévérité les titres d'admission des enfants, on en a découvert un grand nombre qui n'avaient pas de droits à la charité publique, et qui, rendus à leur famille, ont considérablement diminué le nombre des enfants à la charge du département. » Cette circulaire restant sans effet, le ministère fit paraître le règlement du 8 février 1823. Celui-ci rappelait de façon détaillée les différentes catégories d’enfants ayant droit à la charité publique et sous quelles conditions.


« L'admission des trouvés ne doit avoir lieu que dans les circonstances suivantes :

1° par leur exposition au tour ;

2° au moyen de leur apport à l'hospice, immédiatement après leur naissance, par l'officier de santé ou la sage-femme qui a fait l'accouchement ;

3° sur l'abandon de l'enfant, de la part de la mère, si, admise dans l'hospice pour y
faire ses couches, elle est reconnue dans l'impossibilité de s'en charger ;

4° sur la remise du procès-verbal dressé par l'officier de l'état civil, pour les enfants exposés dans tout autre lieu que dans l'hospice.

 « Les enfants abandonnés ne doivent être admis que :

1° d'après l'acte de notoriété du juge de paix ou du maire constatant l'absence de leurs pères et mères ;

2° sur l'expédition des jugements correctionnels ou criminels qui les privent de l'assistance de leurs parents.

« Aucun enfant abandonné ne peut être admis s'il atteint sa douzième année. »

Aux termes de cette instruction, il était précisé : « On ne doit comprendre au rang des enfants abandonnés, assimilés, pour leur régime et le mode de paiement de leur dépense, aux enfants trouvés, que les enfants délaissés, dont les pères et mères sont disparus, détenus ou condamnés pour faits criminels ou de police correctionnelle. L'indigence ou la mort naturelle des pères et mères ne sont pas des circonstances qui puissent faire admettre leurs enfants au rang des enfants abandonnés ils ne peuvent être classés que parmi des orphelins pauvres et les enfants de familles indigentes à la charge exclusive des hospices ou secourus à domicile. » Il concluait en renvoyant en partie la responsabilité aux autorités locales. « Les causes du prodigieux accroissement qu'éprouve depuis quelques années le nombre des enfants trouvés et abandonnés, consistent certainement, en partie, dans les abus qui ont eu lieu dans les admissions. Les divers ministres qui se sont succédés au département de l'intérieur ont souvent appelé l'attention des préfets sur ces abus ; mais il ne paraît pas qu'on ait en général apporté à les réprimer tous les soins désirables. »

D’autres mesures furent envisagées, comme interdire aux sages-femmes de pratiquer des abandons, cette mesure fut adoptée en 1837 dans le département de la Seine, réduire le nombre d’hospices dépositaires, surveiller et fermer les tours comme à Gien et à Montargis dans le Loiret. La circulaire du 21 juillet 1826 s’attaqua à la fraude, en particulier dans le cas d’enfant déposé et repris par leur mère comme nourrice. Celle du 21 juillet 1827 institua les déplacements d’enfants, nous y reviendrons en étudiant ce phénomène dans le Loiret.[28]

Les responsables loirétains face à l’explosion des expositions.

Face à l’augmentation régulière des expositions, les responsables de l’hôpital et les décideurs politiques prirent un certain nombre de mesures pour endiguer le phénomène. Elles s’appuyaient sur les consignes nationales et des initiatives locales. Ce sont ces différents dispositifs dont il va être question. La hausse du nombre des expositions était aussi un des problèmes sous-jacents aux débats sur la réouverture des tours de Gien et Montargis et le maintien de celui d’Orléans. Ces discussions qui occupèrent, à partir de 1840, longuement l’institution départementale ont fait l’objet d’une étude sous le titre Le Conseil général du Loiret face au problème de l’abandon : fermer ou le maintenir les tours.  En ligne sur ce blog, nous ne les évoquerons pas ici.[29]

Obliger les abandonneurs à reprendre leurs enfants : les déplacements.

En juillet 1827, il fut décidé« de déplacer les enfants, c’est-à-dire de les placer dans un autre département ou arrondissement que celui de leur abandon et de leur premier placement afin d’empêcher la mère miséreuse de se placer comme nourrice à l’hospice et d’arriver ainsi à recueillir son enfant et à l’élever en étant payée. »[30] Les parents étaient conviés à retirer leur enfant et les nourrices à les conserver, mais gratuitement. « Apparemment, la mesure fut « efficace », car on vit aussi des nourrices refuser de se séparer de leurs élèves et les conserver gratuitement. » Catherine Rollet fait état de 32 608 enfants déplacés dans quarante-deux départements et de 16 339 enfants retirés par les parents ou les nourrices, soit une économie de plus d’un million de francs.[31] Ce dispositif connu une dizaine d’années d’application entre 1828 et 1837, « il cessa en 1838 lorsque, dans un discours enflammé, Lamartine s'adressa à la Chambre. Il évoqua ces longues cohortes d'enfants, arrachés à leurs véritables familles, ou à des nourrices aimantes et chaleureuses, emportant au long des routes leur chagrin, victimes de maladies dont ils allaient souvent mourir, et gagna : le transfert tomba en désuétude. Si les déplacements furent, finalement, condamnés par l'opinion, ce ne fut qu'au terme de longues controverses. Et les défenseurs du système coercitif eurent le temps de faire valoir que les économies, ainsi réalisées, justifiaient l'apparente cruauté de son application.»[32]

L’application de la mesure nationale des déplacements d’enfants dans le Loiret.

 

A.M.O 15Fi98

Confronté à l’explosion des expositions, le Loiret fit partie des départements qui appliquèrent les mesures de déplacements prévues par la circulaire de 1828. Nous savons peu de choses sur cet épisode. Les délibérations du Conseil général avant 1834 étant lacunaires, nous ignorons la teneur des arguments avancés pour adopter ce dispositif. On constate cependant que le département mit tardivement en place les déplacements. La délibération les actant datant du 19 juillet 1839. Néanmoins, deux affiches signées du préfet Saulnier nous apportent des données intéressantes. La première en date de juillet 1833 prévenait les administrés du département « qu’en vertu d’une délibération prise par le Conseil général du Loiret […], les Enfans Trouvés et Abandonnés du département vont être soumis à un déplacement général et envoyés dans d’autres départemens, pour y être échangés contre les enfans de ces départements.   Si, avant l’époque où ces échanges seront effectués, des personnes voulaient réclamer des enfans qui leur appartiennent, elles seront autorisées à les reprender, et ils devront adresser, à cet effet, une demande à la commission administrative de l’hospice dont ils dépendent, en y joignant un certificat du Maire de leur commune constatant qu’elles ont les moyens de les élever. »[33] Les nourrices ou tout autre personne qui voulaient conserver les enfants dont ils avaient la charge pouvait le faire aux conditions énumérées ci-dessous :

 

 A.M.O 15Fi98

Il était conseillé aux parents, aux nourrices ou à toutes autres personnes voulant réclamer un enfant de faire leur demande à la mairie de leur domicile. Les nourrices, qui ne souhaitant pas garder gratuitement les enfants devant être déplacés, devaient signaler au maire s’elles souhaitaient en prendre d’autres « en remplacement de ceux qui vont leur être retirés ». Les enfants devaient être rappelés au fur et à mesure « que les convois, devront être composés et mis en route. » Les maires étaient priés de donner « la plus grande publicité au présent avis qui devait être affiché dans toutes les communes du Loiret. » Il semble bien qu’une fois la décision prise, des difficultés surgissent quant à sa mise en place. En effet, la deuxième affiche en date du 5 septembre 1834 soit plus d’un an après porte une modification importante. En effet, il était noté que « les nourriciers qui seraient disposés à garder les Enfans qui leur sont confiés, pourront y être autorisés, non pas en renonçant à toute rétribution, mais en touchant à l’avenir, la moitié de celle actuellement payée. »[34] Ils conservaient aussi leur droit sur les deux indemnités de 50 francs s’ils remplissaient les conditions liées à leur versement. Plusieurs questions restent en suspens concernant la mise en œuvre de ce dispositif. La première étant de savoir si des déplacements eurent lieu entre la première affiche juillet 1833 et la seconde septembre 1834. Ce n’est pas certain car sur la seconde affiche, il était noté que le déplacement « va définitivement avoir lieu, mais avec une modification »,  Il est possible que ce retard ait eu pour cause des différents avec les nourrices, motivées à garder des enfants avec lesquels elles avaient noué des liens, mais pas gratuitement.

Les échanges entre Orléans et Montargis via Lorris.

Plusieurs courriers figurant dans les archives municipales de Lorris nous éclairent un peu sur les échanges entre les établissements d’Orléans et de Montargis. Un convoi partait d’Orléans, les enfants passaient la nuit à l’hospice de Lorris puis continuaient leur chemin vers Montargis. Le soir même, arrivait à Lorris le convoi en provenance de Montargis qui repartait le lendemain pour Orléans. Chaque convoi se composait de 15 enfants, ils voyageaient dans une voiture. L’hospice de Lorris était défrayé à la hauteur de à 0,40 franc par enfant et par jour soit 12 francs par échange.

Extrait de l’état 8/10/1835. A.D.45 3 O SUPPL 5 Q 37 Lorris

Un premier convoi partit d’Orléans le 15 octobre 1835, 7 autres se succédèrent entre le 7 juin et le 25 juillet. [35] Les 8 convois concernèrent 120 enfants. Nous possédons l’état établi par l’hospice de Lorris pour le premier convoi. Les 30 noms des enfants y figurent. Le convoi orléanais comptait 2 filles et 13 garçons, celui de Montargis 8 garçons et 7 filles. Les enfants sont relativement âgés, un peu plus pour ce qui venaient d’Orléans.

Age au 1/1/1835

Orléans

Montargis

1 an

 

1

2 ans

 

4

3 ans

4

5

4 ans

1

1

5 ans

4

1

6 ans

2

 

7 ans

2

1

8 ans

2

1

9 ans

 

1

Age des enfants de l’échange du 8/10/1835. A.D.45 3 O SUPPL 5 Q 37 Lorris

Nous ignorons s’il y eut d’autres convois entre ces deux établissements. D’autre part, nous savons qu’au moins un échange fut organisé entre Gien et Orléans, car en septembre 1835 un courrier adressé par la commission administrative aux médecins de l’hôpital signalait que sur les 15 enfants, 5 n’avaient pu être placés pour cause de maladie ou d’infirmité.[36] L’un de ces enfants devait être Albin Tribor, il fut renvoyé à Gien en 1843.[37] Une visite médicale était instituée à l’arrivée des convois, c’est ainsi que deux courriers de juin 1836 avertissaient les médecins de l’arrivée de 40 et 45 enfants.[38] En se basant sur ces dates, il y avait probablement parmi eux 30 enfants venant de Montargis. D’où venaient les autres ? Nous sommes encore moins renseignés sur les échanges avec les autres départements. Il y en eut avec l’Eure-et-Loir, un courrier de 1839 de l’administration de l’hôpital d’Orléans réclamait à l’hospice de Chartres des certificats de baptême pour que les enfants originaires de cet établissement dans le cadre des déplacements puissent faire leur première communion.[39] Fut-il procédé à des échanges avec d’autres départements ?  Pour quel effectif ? Nous l’ignorons. De même nous ne savons pas si des nouveau-nés furent concernés, on peut en douter du fait de l’allaitement.[40] Étant donné qu’un certain nombre de ces enfants étaient suffisamment âgés pour comprendre ce qui se passait, ces déplacements furent de véritables traumatismes pour eux quittant un lieu familier pour être projeté dans l’inconnu.

La fin des déplacements d’enfants dans le Loiret.

Lors de la session de 1838, M. Ligier, conseiller général demanda que cette mesure fût abandonnée, mais curieusement il invitait « l’administration des hospices à opérer, avec les départements voisins, des échanges d’enfans du premier âge, afin de les éloigner de leurs parens et de déterminer ainsi, s’il est possible, les mères à retirer leurs enfans. » Le préfet répondit qu’à son arrivée, il avait trouvé la mesure en cours d’exécution et qu’il l’avait poursuivie. Néanmoins, il indiquait que « par suite de graves inconvénients qu’elle avait présentés »[41] il l’avait suspendue son exécution à partir de 1838. A la suite de ces échanges, le Conseil général prit la délibération suivante : « Considérant que cette mesure a été et continuerait d’être la violation du contrat primitif accepté par ceux qui avaient reçu les enfans, […]. Que si les principes de justice et d’équité repoussent cette mesure, les plus hautes considérations de morale réclament aussi contre son exécution, puisqu’elle tend à briser des liens déjà formés et que le temps eut consolidés. Considérant que l’économie espérée et qui parut d’abord résulter du déplacement ne s’est pas maintenue et tend à chaque jour à s’affaiblir ; qu’elle fut en effet presque totalement due à l’option que firent les nourriciers, de conserver, sans rétribution, les enfans auxquels ils s’étaient attachés plutôt que de s’en séparer ; mais bientôt, chez la plupart d’entre eux, la modicité de leurs ressources, le manque de travail, et quelquefois la misère, ont fait taire la voix de l’affection, et que journellement les enfans sont ramenés aux hospices auxquels ils appartenaient estiment qu’il est à la fois justice et de moralité de na pas continuer l’exécution d’une mesure qui ne compte pas même en sa faveur l’avantage d’une économie durable et importante. »[42] Néanmoins, pour contrer les abus dans les expositions, le Conseil général se rallia à la proposition de M. Ligier d’organiser des échanges de nouveau-nés avec les départements voisins. On ignore si l’administration de l’hôpital entreprit ces démarches, on en doute. Il ne fut plus question de déplacements dans les délibérations. À la vue de l’évolution de la courbe des expositions, on constate que le dispositif des déplacements n’eut pas pour effet de les limiter.

Les mesures locales prises pour limiter les admissions.

Durcir les conditions d’admission.

En 1840, le Conseil général, après de nombreux débats, acta le maintien du tour orléanais et la non-réouverture de ceux de Gien et de Montargis. Néanmoins pour soulager la pression sur l’hôpital d’Orléans, il fut décidé d’obliger les hospices de Pithiviers, Gien et Montargis à recevoir des enfants trouvés et abandonnés. L’article 3 de l’arrêté pris par le préfet déterminait les conditions d’accueil des enfants dans les quatre hospices : « avant d’admettre un enfant, les administrateurs devront exiger que son acte de naissance soit produit ou rédigé, toutes les fois que cela possible. ». L’article 4 indiquait que ces derniers « pourront en usant de prudence et de discrétion soit refuser de recevoir définitivement un enfant lorsqu’ils le jugeront convenable soit le rendre à ses parens soit même exiger de ceux-ci le remboursement en partie ou en totalité des dépenses que l’enfant aura occasionnées à l’hospice. » Un article concernait l’hospice de la maternité : « Une grande partie des inconvéniens et de dépenses du service des enfans trouvé résultant de l’organisation actuelle » de ce lieu ; le préfet prévoyait un nouveau règlement.

Il fut aussi décidé la création d’un poste d’inspecteur des enfants trouvés, décision qui allait se révéler fort judicieuse.

L’action de l’inspecteur des enfants trouvés et abandonnés.

Ce poste échu pendant de nombreuses années au docteur Pelletier. Nous étudierons son action uniquement dans le cadre de la limitation des admissions, ses autres missions concernaient entre autres la surveillance des enfants placés chez les nourrices. En 1848, le docteur Pelletier évoquait en ces termes son rôle dans la limitation des admissions « Je suis heureux d’avoir pu y contribuer en redoublant de surveillance et en m’attachant de plus en plus à rechercher l’origine des enfans exposés, soit en intervenant auprès des filles-mères afin de les déterminer à reprendre leur enfans à l’aide de secours temporaires, soit en les renvoyant dans leurs départements les enfants étrangers au Loiret. »[43]  En 1845, le préfet déclarait quant à lui : « L’amélioration de ce service est due en partie à l’inspection départementale qui se poursuit avec succès ce double objet : d’éloigner de nos hospices les enfants dont la place est ailleurs soit parce qu’ils sont étrangers au département, soit parce qu’ils appartiennent à des familles qui doivent les conserver et où à des mères qui consentent à le garder moyennant des secours temporaires. »  [44]

Les mesures mises en place consistaient à convaincre les filles-mères de garder leurs enfants moyennant les secours temporaires, à renvoyer les enfants non loirétains et à refuser ceuxne rentrant pas dans les critères d’admission, en surveillant le tour. Ce sont ces dispositifs que nous allons présenter.

Convaincre les mères de garder leurs enfants : les secours temporaires.

L’un des moyens utilisés pour limiter les expositions consistait moyennant des secours à inciter les mères à garder leurs enfants. [45] Dès 1844, l’inspecteur pointait des résultats encourageants : « Les nombres de filles ou femmes qui venaient faire leurs couches à la maternité et qui exposaient ensuite leurs enfans au tour d’Orléans n’a été en 1842 que de 64, il était de 76 en 1841. » En 1847, il notait : « Le nombre des filles qui ont fait leurs couches à la maternité s’est élevé à 96 en 1846. Presque toutes sur mes exhortations, ont consenti à garder leurs enfants. »[46]En effet, préventivement étaient visées les femmes qui accouchaient à la maternité, plus faciles à toucher.

La répartition des secours temporaires se faisait « en raison de l’âge de l’enfant, des soins dont il est l’objet et surtout de la position de fortune et des moyens d’existence de la mère »[47]

Les tarifs étaient les suivants :

- Enfant de 1 jour à 1 an 5 francs par mois.

- Enfant de 1 an à 2 ans   4 francs par mois.

- Enfants de 2 an jusqu’à 7 ans 3 francs par mois.

Notons qu’en accordant des secours temporaires, le département faisait des économies, les rétributions des nourrices étant pour les mêmes catégories d’âge respectivement de 8 ,6 et 5 francs.

Dans le tableau ci-dessous, nous avons regroupé les informations disponibles concernant les secours temporaires. Les chiffres donnés concernent une situation fluctuante au cours de l’année. En effet, si l’on prend l’année 1855, au premier janvier il y avait 176 enfants secourus, 71 furent admis au cours de l’année soit 247, mais 10 furent radiés pour cause de décès dans leur famille et 32 radiés par effet d’âge ou cessation des secours temporaires. Au 31 décembre 1855, il restait donc 205 enfants.

 

Année

Nombre de mères aidées

Nombre d’enfants concernés

Nombre d’admissions dans l’année

Montants des aides en francs

1846

114

129

 

 

1847

159

159

 

4 536

1848

 

174

 

 

1849

 

161

 

6 858

1850

175

199

 

7 412

1851

175

199

 

6 826

1852

175

176

28

6 245

1853

190

190

15

5 942

1854

170

196

29

5 601

1855

 

247

71

 

Secours temporaires 1846-1855. Sources : délibérations du Conseil général du Loiret.

Il ne faut cependant pas croire que ces secours étaient accordés sans discernement, ainsi en 1852 il était indiqué : « Le nombre de filles-mères secourues est resté le même qu’en 1850 malgré les demandes plus nombreuses qui ont été faites, mais, comme plusieurs de ces secours ont été sollicités par des mères qui n’y avaient aucun droit, ils ont été refusés par l’administration. » En 1853, douze femmes avaient été « rayés de la liste au cours de l’année par suite de changement dans la position des parens ou pour cause d’inconduite. » » Si la volonté de venir en aide à ces mères et d’être comptable des deniers départementaux était présente, les considérations morales n’étaient pas absentes : « Quelques filles-mères, un trop grand nombre d’entre elles viennent sans pudeur réclamer un secours qu’elles semblent croire dû aux conséquences de leurs désordres, et il en est qui ne rougiraient pas d’exiger, à chaque couche que leur mauvaise conduite a sollicitée, une augmentation de secours, en se faisant comme un titre de leur impudicité. » [48]

En1855, une dépêche ministérielle adressée aux préfets mettait en avant tout l’intérêt que présentaient les secours temporaires : « morale dans son but, efficace dans ses résultats, sources d’économie pour les départemens. » Elle annonçait aussi un changement de dénomination de cette aide qui de « secours aux filles-mères » devenait « secours aux enfans-nouveau-nés »,  ce qui devait lever « tous les scrupules » et rendre « à ce mode d’assistance son véritable caractère. »

Si l’efficacité des secours temporaires est attestée, ces derniers ne permettaient cependant pas de faire baisser de façon notable le nombre d’expositions, ils lissaient la courbe à un niveau élevé.

Renvoyer les enfants des départements voisins.

L’exposition d’enfants venant des départements limitrophes fut un phénomène régulièrement dénoncé au Conseil général. Il fut à l’origine de la fermeture des tours de Gien et de Montargis dans les années 1830 et l’un des arguments avancés pour finir par fermer celui d’Orléans en 1856. Nous renvoyons pour tout ce qui touche à ces débats à notre contribution.[49]

Les expositions des non Loirétains : une réalité ?

On peut s’interroger sur la réalité de ce mouvement, s’agissait-il d’un ressenti ou d’un phénomène réel. Il n’existe pas, à notre connaissance, de chiffres permettant de le mesurer ; ce qui est logique, l’anonymat étant une des bases du décret impérial de 1811 même si des dispositions réglementaires le mirent à mal. Nous avons néanmoins tenté d’en apprécier l’existence. L’étude des 13 312 procès-verbaux d’exposition entre l’an 3 et 1856 a permis d’identifier le lieu de naissance de 1 423 d’entre eux soit 10,6 % des enfants trouvés exposés au tour d’Orléans. Parmi eux 111 soit 7,8 % sont nés hors du Loiret. Le département du Loir-et-Cher avec 42,3 % des cas est le plus fort pourvoyeur, il est suivi par l’Eure-et-Loir avec 21,6 %. Vient ensuite la Seine-et-Marne avec un peu plus de 13 %. Ces données sont à prendre avec prudence, en effet combien d’enfants des départements limitrophes figurent dans les 80,5 % dont on ignore le lieu de naissance. Si, on peut en conclure que le ressenti des décideurs du département était réel, son ampleur nous échappe.

Renvoyer les non-loirétains.

Déjà au Moyen-Âge, lorsque l’on entrait dans une période de crise, on chassait les mendiants qui n’étaient pas originaires du lieu où ils séjournaient. Sans aller jusqu’à cette extrémité, la ligne de conduite de la commission administrative de l’hôpital était de solliciter du préfet, des arrêtés de renvoi dans leurs départements d’origine pour les enfants dont elle avait la conviction qu’ils ne relevaient pas du Loiret. Cette position concernait aussi bien les enfants trouvés qu’abandonnés.[50] Les registres de la correspondance active renferment un certain nombre de courriers évoquant ces renvois. Ces missives sont en général laconiques, en 1846, Louis Crécy réintègre Paris en train accompagné d’une gardienne,[51] en 1850, c’est au tour de Marie Adèle Dubellois.[52] En 1849, Marie Thérèse Forton née le 12 janvier et exposée le 19 février est renvoyée à Paris en août 1850 avec une facture de 70,61 francs pour les dépenses occasionnées par son séjour.[53] En 1844, Marie Sophie Regnier, âgée de 9 mois, rejoint Sens dans l’Yonne, le même jour Adolphe Baillot prend le chemin de l’Eure-et-Loir. [54] C’est aussi dans ce département qu’est renvoyée Marie Elisa Duber « induement depuis plus de quatre mois à la charge de notre hôpital ». Dans ce cas précis, il fut réclamé le remboursement des frais de déplacement. Cet enfant était né à Civry, le 21 novembre 1850 en Eure-et-Loir, pas loin de Châteaudun et à 46 kilomètres d’Orléans puis déposé par sa mère le 24 du même mois « au tour de notre hôpital ». [55] En 1846, David Hubert, né à la maternité d’Orléans le 15 octobre 1845 et exposé le 2 novembre suivant était envoyé à Bourges en voiture publique accompagnée d’un domestique de l’hôpital, sa mère étant originaire du Cher. Cet enfant avait passé 6 mois à la crèche. Le cas de Thérèse Morin est intéressant, devant retourner à Blois, elle resta dans le Loiret, car « sa mère nourrice demand[a] à la garder gratuitement plutôt que de s’en séparer. » [56] Il n’est guère évident de mesurer ce qu’ont pu représenter les retours dans les départements d’origine. En 1846, l’inspecteur en a dénombré 9 ; 3 en 1852. Nous avons utilisé « le registre servant à inscrire les noms des enfans revenus à l’hospice » pour obtenir d’autres données. Ce document couvre la période allant du 22 décembre 1838 au 16 juillet 1874. Ils renferment le nom des enfants, placés en nourrice et ayant réintégré l’hospice pour diverses raisons. Parmi, elles figurent « rentré à l’hospice le ……. pour être conduit à …. » comme on peut le constater pour Morelle Aimé Antoine ci-dessous.

 

A.D 45 1Q 811 Registre servant à inscrire les noms des enfans revenus à l’hospice.

Nos relevés concernent 1 936 enfants sur la période 1839-1856. 16 d’entre eux réintégrèrent l’établissement pour être renvoyés dans leurs départements d’origine : 6 à Blois, 3 à Nevers, 4 en Paris, 2 à Bourges et 1 à Chartres. Il est possible que d’autres se trouvent dans ce cas parmi les 219 enfants dont nous ignorons la raison du retour. Il semble bien que ces retours n’aient joué qu’à la marge sur les effectifs des enfants à la charge de l’hôpital. Cette politique eut-elle un effet dissuasif sur les expositions venant des départements limitrophes, on l’ignore. Toujours est-il que les préfets à plusieurs reprises se félicitèrent des effets de ce dispositif. « Aujourd’hui le département n’a plus à sa charge que les enfants qui lui appartiennent. Un contrôle journalier, exercé par l’inspecteur sur les expositions, a pour effet d’éloigner à peu près tous les enfants des départements limitrophes, qui étaient clandestinement apportés à la crèche d’Orléans… »  En 1846, le préfet affichait une certaine satisfaction : « Nous sommes parvenus ainsi à ne conserver dans nos hospices que les enfants dont l’origine est demeurée complètement inconnue, » elle s’accompagnait de considérations morales : « et ceux qui appartiennen tà des malheureuses que leur position précaire a mises dans la nécessité de délaisser le fruit de leur faute, ou chez lesquelles l’inconduite a étouffé le sentiment qui s’éteint le dernier dans le cœur d’une femme, le sentiment de l’amour maternel. »[57]

Paris renvoie les enfants loirétains.

Si le Loiret renvoya des enfants ne lui appartenant pas, d’autres départements procédèrent de même.[58] Il s’agit d’enfants nés et exposés à Paris par leurs mères venues travailler dans la capitale. On sait peu de chose sur elles, Euphrasine Jarny est une lingère de Châteaurenard, [59] Pauline Bidault, âgée de 20 ans est une couturière de Boiscommun.[60] Les jumelles Joséphine et Émeraude Bourdois, nées à Lorris en 1849, accompagnèrent leur mère à Paris puis furent déposées à l’hospice en octobre 1850.[61] Alphonsine Cormier réintégra le Loiret comme orphelin, sa mère étant décédée.[62] En général, le retour dans le Loiret eut lieu un an voire plus après l’exposition.

Surveiller l’accès au tour.

Un autre moyen de limiter le nombre des expositions était de surveiller les abords du tour, d’en limiter l’accès et d’effectuer « un tri » des enfants acceptés, cette tâche incombait en particulier à l’inspecteur des enfants trouvés. Quatre situations montrent que cela n’allait pas sans difficulté. En 1840, l’administration signalait au préfet « Un second cas d’abandon volontaire vient d’avoir lieu. Hier matin, la veuve François Roger demeurant à Gien […] a amené pour être déposé dans l’hospice l’enfant Adolphe Pegu ? âgé de 7 ans dont elle avait tenté inutilement la veille l’exposition. » Les responsables de l’hospice, tout en demandant la régularisation de la situation de l’enfant, informaient ce dernier qu’elles demandaient l’intervention du commissaire de police et saisissaient le procureur du Roi.[63] En 1847, Antoine Pradier, marchand de peaux de lapin, domicilié 84 rue du faubourg Saint-Jean était invité «  à venir retirer de suite de hôpital le nommé Louis Pradier, l’un de vos enfants agé de 4 ans et demi et qu’on a eu l’inhumanité de déposer le 20 courant à la crèche de notre hôpital. » En cas de refus d’obtempérer immédiatement, l’enfant devait être reconduit chez lui par la police. Quelques jours plus tard, l’administration apprit « par ses voisins qu’il [le père] avait prétexté d’aller en moisson pour s’affranchir d’avoir à recevoir ce petit malheureux chez lui. » Le courrier ajoutait : « Un état de choses aussi immoral ne peut pas se prolonger plus longtems. »  Il était prévu de saisir le moment de son retour pour lui remettre son enfant.[64]

Quelques mois plus tard, un nouveau courrier signalait « un fait grave et répréhensible qui s’est reproduit trois fois en moins d’un mois, c’est l’exposition à la crèche de notre hôpital d’enfants agés de 5, 6 et 8 ans dont les pères ou les mères bien connues ne veulent plus les conserver. » Le courrier relaté ensuite le dernier incident. La veille, une femme de Chatenay, accompagnée d’un enfant de 8 ans et munie d’une lettre du maire s’était présentée au bureau de l’hôpital pour y faire admettre ce dernier comme enfant abandonné, ce qui lui fut refusé. « Sans tenir compte de ce refus motivé la femme qui accompagnait l’enfant le fait déposer à la crèche de notre hôpital hier soir à 8 heures, et comme ses forces ne lui permettaient pas d’enbrer un pareil poids pour le déposer à la crèche elle a demandé l’aide des passants ce qui a failli causer une espèce de clameur quelle a apaisées en déclarant que l’enfant ne lui appartenait pas, et qu’elle remplissait seulement une mission dont elle avait été chargée. » A la lecture du billet, qui accompagnait l’enfant, il s’avérait que la femme était probablement sa mère Marie Presle, domestique chez Mr Berry, laboureur à Chatenay. L’enfant fut renvoyé dans sa commune par voiture publique avec une lettre adressée au maire justifiant de cette décision. En conclusion, les administrateurs pointaient d’une part le risque de contagion si ce genre d’admission était accepté et d’autre part l’encombrement que provoquerait l’accueil d’enfants « qu’il n’est pas permis de recevoir. » [65] Déjà en 1838, Claude Salmon âgé de 8 ans, originaire de Boigny avait été exposé par la femme qui le conduisait et ce bien qu’un employé de l’hôpital l’eut renvoyé devant le maire de sa commune. Elle prétendait que l’enfant était orphelin, alors que l’interrogatoire de ce dernier ne le confirmait pas.[66] Face à ce type de problème en janvier 1850, la commission administrative demanda au préfet « que le tour destiné à recevoir les enfans trouvés soit désormais fermé de l’extérieur, de manière que toute personne qui voudra exposer un enfant nouveau-né soit obligé d’avertir la personne de garde d’un coup de sonnette. »[67] Cette demande fut approuvée et mise à exécution en février de la même année.

On constate à travers la correspondance que l’administration de l’hôpital, en particulier l’inspecteur menait de véritables enquêtes, éventuellement avec l’aide de la police municipale pour renvoyer les enfants qui ne relevaient de leur ressort, car étrangers au département mais aussi des Loirétains. Il a tout lieu de penser que ces démarches n’avaient qu’un impact limité sur les effectifs.

Conclusion.

De toutes les mesures prises pour limiter les expositions, la mise en place des secours temporaires fut la plus efficace. Ainsi en 1851, le préfet pouvait avancer que « c’est principalement au moyen de ces secours délivrés avec discernement que le nombre total des enfans est descendu, en moins de 9 ans de 1 500 à 843 et que la dépense du service a été diminuée de près de la moitié. » Il ajoutait à propos de son coût « Le conseil regretterait-il l’augmentation du chiffre des secours accordés aux filles-mères ? Non, sans doute ; il n’est pas de mesure qui soit plus digne de ses sympathies et des sacrifices qu’il s’impose que celle qui à pour objet de conserver une famille à ces malheureux enfans. » [68] Le succès rencontré par l’attribution des secours temporaires allait amener la fermeture du tour orléanais. Le bilan d’un point de vue financier était largement en faveur des secours temporaires beaucoup moins onéreux que l’admission à l’hôpital et le séjour en nourrice. La conclusion du préfet était nette : « Il faut donc multiplier les secours à domicile, il semble qu’il n’y ait rien de mieux à faire que de substituer au tour, où le dépôt est secret et où le nom de la mère n’est pas révélé, un bureau d’admission régulière et où la condition principale sera la communication du nom de la mère, afin qu’on puisse apprécier sa position et son indigence. » [69]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Bardet Jean-Pierre, Jeorger Muriel. La société́ face au problème de l'abandon. In : Histoire, économie et société́, 1987, 6e année, n°3. L'enfant abandonné. pp. 301-306 ; doi : https://doi.org/10.3406/hes.1987.1452 https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1987_num_6_3_1452

[2] Jeorger Muriel. L'évolution des courbes de l'abandon de la Restauration à la première Guerre mondiale (1815-1913). In : Enfance abandonnée et société́ en Europe, XIVe-XXe siècle. Actes du colloque international de Rome (30 et 31 janvier 1987) Rome : École Française de Rome, 1991. pp. 703-740. (Publications de l'École française de Rome, 140) ; p 703 https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1991_act_140_1_4474

[3] Ce chapitre s’appuie sur l’article de Muriel Jeorger L'évolution des courbes de l'abandon de la Restauration à la première Guerre mondiale (1815-1913). Op, Cit,.

[4] Jeorger Muriel. L'évolution des courbes de l'abandon de la Restauration à la première Guerre mondiale (1815-1913.p 713-174

[5] Op. cit.; p 712

[6] Op. cit.; p 714

[7] 19 janvier 1811. Décret impérial concernant les enfans trouvés ou abandonnés, et les orphelins pauvres.

[8] Décret impérial concernant les enfans trouvés ou abandonnés, et les orphelins pauvres, Titre II. Des enfans trouvés.

[9] AD45, 3L1. Rapport moral de la commission d’administrative de l’hôpital d’Orléans, année 1839. Affirmation discutable, nous renvoyons à notre étude sur le tour d’Orléans dans ce blog.

[10] Un doute subsiste sur l’existence de ce dernier.

[11] Jeorger Muriel. Op.cit.; p 715, note 19.

[12] Op.cit.; p 715.

[13] Op.cit.; p 720.

[14] Idib.;

[15] Op.cit.; p 721.

[16] Idib.;

[17] Lallemand, Léon. Histoire des enfants abandonnés et délaissés : étude sur la protection de l’enfance aux diverses époques de la civilisation. Paris 1885.

[18] Op.cit. ; p 724.

[19] Op.cit.; p 725

[20] L’hectolitre de blé passe de 27,60 en 1811 à 47,75 francs en 1812.

[21] Nadine Vivier, « Pour un réexamen des crises économiques du XIXe siècle en France », Histoire & mesure [En ligne], XXVI-1 | 2011, mis en ligne le 01 juillet 2011, consulté le 30 août 2022. URL : http:// journals.openedition.org/histoiremesure/4125 ; DOI : https://doi.org/10.4000/histoiremesure.4125

[22] AD 45 3L 1 Rapport moraux de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans, 1839.

[23] Dans un rapport présenté à la session de 1846 du Conseil général, le docteur Jallon expliquait que les enfants venant de la campagne étaient « presque tous porteurs de certificats, d’actes de naissance et de baptême.» Ce qui n’est qu’en partie exact. Il ajoutait que « leurs vêtements sont ceux que l’on sait être en usage dans chaque arrondissement et même chaque canton. » Assertion qui peut surprendre. Les enfants de la campagne étaient déposés entre 10 heures et midi « à l’arrivée des messagers », ceux de la ville, la nuit. Ces derniers pouvaient aussi être identifiés grâce à l’écriture des sages-femmes, ils étaient « mal emmaillotés, souvent couvert d’un morceau d’étoffe ou d’un mauvais châle en guenille. » La plupart de ces critères de différenciation était discutable, d’ailleurs il en convenait « ces signes ne sont pas d’infaillibilité mathèmatique, mais fournissent des résultats très approximatifs et rès importants. »

[24] Henry Léonce Vallet de Villeneuve, préfet du Loiret entre janvier 1843 et février 1848, exerça en Eure-et-Loir entre juillet 1837 et son arrivée dans le Loiret.

[25] Ce graphique et les données statisques figurant dans ce chapitre proviennent d’AD 45 2 L 17 Rapport de la commission administrative 29 juin 1810, 3L 1 Commission administrative de l’hopital d’Orléans, comptes moraux  (1838-1843 1847-1849) et  53 PO année, tableaux statistiques annexés aux délibérations du Conseil général de l’année indiquée.

[26] Tourette Caroline, Les enfants assistés du Loiret sous le second Empire. Orléans 1994 A.D 45 BH M/2391

[27] Lallemand, Léon. Histoire des enfants abandonnés et délaissés : étude sur la protection de l’enfance aux diverses époques de la civilisation. Paris 1885 p. 274 et suivantes pour l’ensemble de ce chapitre.

[28] Rollet Catherine. Les Enfants au XIXe siècle. Hachette Littérature 2001, p. 60 pour les citations qui suivent.

[29]  Le lien entre la fermeture des tours de Gien et de Montargis et l’augmentation des expositions n’étaient toujours admis, ainsi en 1840, le préfet donnait comme explication l’indulgence et la facilité existants dans l’admission des enfants à l’hôpital d’Orléans, l’augmentation de la population de la ville et la présence plus nombreuses et fixes des militaires dans la ville. Ces arguments furent contestés par un conseiller général.

[30] Cadoret Anne. De "l'enfant trouvé" à "l'enfant assisté". In : Études rurales, n°107-108, 1987. Paysages. pp. 195-213. DOI : https://doi.org/10.3406/rural.1987.3211 www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1987_num_107_1_3211

[31] Rollet Catherine. Op.cit.

[32] Jeorger Muriel. L'évolution des courbes de l'abandon de la Restauration à la première Guerre mondiale (1815-1913). In : Enfance abandonnée et société́ en Europe, XIVe-XXe siècle. Actes du colloque international de Rome (30 et 31 janvier 1987) Rome : École Française de Rome, 1991. pp. 703-740. (Publications de l'École française de Rome, 140) ; p 719  https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1991_act_140_1_4474

[33] A.M.O 15Fi98, affiche du 19/7/1833

[34] A.M.O 3Q 1 Affiche du 5/9/1834.

[35] A.D.45 3 O SUPPL 5 Q 37 Lorris. Divers courriers du préfet du Loiret au maire de Lorris 1835-1836.

[36] AD 45 2L 8 Registre de la correspondance de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans. 20/9/1835

[37] AD 45 2L 10 Registre de la correspondance de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans. 10/4/1843. Ce courrier adressé à l’hospice de Gien précise qu’Albin Tribor avait été concerné par la mesure de déplacement en 1835.

[38] AD 45 2L 8 Registre de la correspondance de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans. 1/6/1836 et 17/6/1836

[39] AD 45 2L 9 registre de la correspondance de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans. 14/5/1839.

[40] La proposition de M. Ligier évoquée plus loin pourrait laisser entendre que ce n’était pas le cas.

[41] AD 45 PO 53 1838 Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Loiret session de 1838

[42] Ibid.

[43] AD 45 PO 53 1844 Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Loiret session de 1844.

[44] AD 45 PO 53 1848 Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Loiret session de 1848.

[45] Article 2 de l’arrêté ministériel du 15/8/1841.

[46] AD 45 PO 53 1847 Procès-verbaux des délibérations du conseil général du Loiret session de 1847.

[47] AD 45 PO 53 1852 Procès-verbaux des délibérations du conseil général du Loiret session de 1852.

[48] AD 45 PO 53 1852 Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Loiret session de 1852.

[49] Op.cit.

[50] Quelques exemples de ces renvois figurent dans une étude sur les enfants abandonnés sur la voie publique à paraître ultérieurement.

[51] A.D 45 2L 10 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 4/6/1846.

[52] AD 45 2L 10 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 25/2/1850.

[53] AD 45 2L 12 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans10/8, 12/8 et 19/8/1850. 37,48 francs étaient dus au département du Loiret et 33,13 à l’hôpital d’Orléans.

[54] AD 45 2L 10 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 16/2/1844.

[55] AD 45 2L 12 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 12/4/1851.

[56] AD 45 2L 12 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 27/9/1843.

[57] AD 45 PO 53 1846 Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Loiret session de 1846.

[58] 8 cas nous sont connus par le biais de courriers informant le préfet des retours. Concentrés sur les années 1850-1852, il est probable qu’en l’absence de la correspondance passive, d’autres nous échappent.

[59] AD 45 2L 12 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 11/10/1850.

[60] AD 45 2L 12 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 6/8/1850.

[61] AD 45 2L 12 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 27/11/1852.

[62] AD 45 2L 12 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 8/5/1851.

[63] AD 45 2L 9 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 13/4/1840.

[64] AD 45 2L 11 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 27/7/1847, 2/8/1847.

[65] AD 45 2L 11 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 1/10/1847

[66] AD 45 2L 9 Registre de correspondance active de la commission administrative de l’hôpital d’Orléans 3/3/1838.

[67] AD 45 1 L 26 Registre des délibérations de la commission administre de l’hôpital général d’Orléans 6/2/1850.

[68] AD 45 PO 53 1851 Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Loiret session de 1851.

[69] AD 45 PO 53 1853 Procès-verbaux des délibérations du Conseil général du Loiret session de 1853.

 

 

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