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Contributions à l'histoire de l'enfance aux XVIIIe et XIXe siècle
9 décembre 2022

La vie quotidienne dans les crèches de l'Oise : Les enfants et leur famille.

En l'absence de registre d'inscription exploitable, [1] nous avons très peu d'informations sur les enfants confiés aux crèches de l'Oise, entre 1845 et 1914. Nous déplorons notamment le manque de données sur le rang de naissance des pensionnaires, les professions, adresses et situations matrimoniales de leurs pères et mères. La pétition signée par les mères compiégnoises est le seul témoignage direct dont nous disposons.[2]

I) Les mères de famille.

a) Des ouvrières.

Les règlements des établissements stipulaient que les crèches accueillaient les enfants dont les mères travaillaient hors de leur domicile.[3] II s'agissait généralement d'ouvrières d'usine. Ainsi, le taux de fréquentation des crèches dépendait souvent du nombre de jours chômés dans les fabriques. [4] L'institution de Thieux, commune rurale, occupait donc une place à part, car destinée aux travailleurs agricoles. Son activité augmentait au moment des moissons. [5] Cette originalité était d'ailleurs soulignée dans les courriers officiels, car souvent, il était note « la crèche rurale de Thieux ». En 1911, le Dr H. Bouquet souhaitait étendre le recrutement des crèches aux "mères blanchisseuses, couturières, ménagères (femmes de ménage), marchandes ambulantes. '' [6]

b ) «des mères qui se conduisent bien ».

De nombreux règlements précisaient que les crèches étaient destinées aux enfants dont les « mères se conduisaient bien ». [7]A la fin du XIXe siècle, cette ségrégation à l'égard des enfants naturels commença à être officiellement remise en cause. Ainsi, en 1894, le ministre de l'Intérieur se renseignait auprès du Préfet de l'Oise ; il souhaitait, en effet, savoir « si les statuts ou règlements n'autorisent l’admission qu’à l'égard des enfants légitimes ou la subordonnent à la production d'un acte de baptême... » [8] Au début du XXe siècle, certainsresponsables de crèches avaient soin de bien préciser, dans les rapports.envoyés la Préfecture, que leurs institutions     accueillaient les enfants « sans distinction de culte    ou  de légitimité. » [9] De même en 1907, Mme Gevin-Cassal précisait qu'il y avait le jour de sa visite d'inspection six enfants illégitimes.    Saint-Quentin et trois Saint-Jean. [10] La même année, elle signalait qu'à la crèche de Tracy-le-Mont, « la plupart (des pensionnaires) sont des enfants de filles-mères » .4 Le règlement de lacrèche de Clermont, fondée à l'époque de ce débat (1902) précisait « Ils  (les enfants ) sont admis sans distinction de religion ni de légitimité, pourvu que les mères se conduisent bien ». [11] A la

 

 veille de la Première Guerre mondiale, le débat n'était pas encore clos. En 1911, le Dr H. Bouquet abordait encore ce problème en ces termes : « Il ne faut pas confondre la fille-mère vraiment malheureuse et digne de pitié et de secours avec quelque professionnelle de la galanterie désireuse de se procurer plus de fructueux loisirs ... [12] II faut préciser qu'alors les naissances hors mariage se rencontraient plus souvent dans les classes ouvrières des villes industrielles. Or, les crèches étaient en principe destinées ces populations.[13]

II)  Origine sociale des parents de la crèche de Senlis.
a ) La méthodologie

Pour pallier les lacunes du registre d'inscription de la crèche de Senlis, [14] nous avons étudié les recensements pratiques dans cette commune à la même époque. [15] Nous disposions en effet des adresses des parents et pouvions donc espérer retrouver les familles et ainsi connaître les professions des pères et mères. Les données obtenues au cours de ces recherches n'ont pas de valeurs statistiques, mais nous donnent néanmoins quelques indications sociales intéressantes. II faut cependant se monter très prudent ; deux ou trois années se sont parfois écoulées entre l’admission à la crèche et le recensement utilisé. Certes, quelques personnes ont pu changer d'emploi au cours de ce laps de temps. Mais, il paraît légitime de penser qu'ils continuaient à appartenir à la même catégorie socioprofessionnelle ; d’ailleurs nous n'avons rencontré que peu de changement pour les parents que nous avons pu suivre au cours de plusieurs recensements. Pour de nombreuses mères, il n'était mentionné aucun métier, certaines étaient déclarées sans profession alors que la plupart devaient travailler lors du placement de leur enfant à la crèche. Cette population semblait de toute façon très « instable ». Les ouvriers, tributaires du marché du travail, changeaient régulièrement d'employeur et d'adresse ; le chômage n'était pas rare. Les taux de fréquentation des crèches suivaient ces fluctuations. D'autre part, de nos jours, il est assez difficile de classer ces professions ou de les restituer dans la hiérarchie sociale de l'époque. Le père tonnelier était-il artisan indépendant ou ouvrier ? On le voit les renseignements tirés de ces recensements ne peuvent nous donner qu'une vue partielle de la situation sociale des parents, mais en l'absence d'autres sources à notre disposition nous ne pouvions les ignorer.

b ) Les résultats

Ainsi, sur 50 enfants inscrits à la crèche de Senlis entre 1857 et 1858, 28 ont été retrouvés dans les recensements effectués en 1858 et 1861. 27 étaient issus de parents maries et dans 18 cas, la mère exerçait un métier.

Les 27 parents travaillaient dans le secteur  :

- textile (matelassier, tisseur en crin ... ) : 4

- du bâtiment (ouvrier maçon ...) : 3

- du commerce (aubergiste, ouvrier boulanger ....) : 3

- du bois {ouvrier menuisier ... ) : 3

3 étaient journaliers ou manouvriers. Les autres occupaient des emplois diversifiés :

-     fabriquant de balais

-      domestique

-     frotteur

-      mécanicien

· cantonnier

-     garde moulin

-     colporteur

-      charretier, ouvrier charron

-     maréchal-ferrant.

Les 18 mères mariées étaient :

- journalière : 9

- manouvrières : 2

- couturières : 2

Certaines exerçaient la même profession que leur époux (fabriquant de balais, matelassier etc ...)

Enfin, 3 familles étaient recensées indigentes en 1858, en 1861. Mais, étaient-elles déjà privées de ressources à l’inscription à la crèche en 1857 ? [16] De même, la journalière déclarée veuve en 1861, avait-elle déjà perdu son mari quand elle confiait son enfant à la crèche, en octobre 1857 ? Sur un total de 126 familles (soient 140 enfants admis à la crèche de Senlis entre 1887 et 1895), nous avons retrouvé 56 familles dans les recensements effectués en 1888, 1891, 1896. Pour 47 cas, nous connais­sons le métier des parents et seulement 24 pour les mères. Le plus souvent, dans ces trois dénombrements de population, seule la profession du chef de famille était indiquée, ce qui explique notre manque de données concernant les épouses. 10 femmes vivaient seules avec leurs enfants (6 veuves, 2 célibataires, 2 femmes séparées). [17]

Les 47 pères, ayant placés au moins un enfant à la crèche de

Senlis exerçaient la profession de

-   manouvrier, journalier :17

-    ouvrier: 4

-     jardinier, cultivateur, maraîcher: 9

-    maçon: 4

-    menuisier : 2

-     ferblantier, chaudronnier : 2

-    mégissier : 1

-    carrier: 1

-    tapissier : 1

-    tailleur : 1

-    charpentier : 1

-     couvreur : 1

-     typographe : 1

-  cantonnier : 1.

Les 24 mères occupaient des emplois de :

-     blanchisseuse, lessiveuse, lingère : 7

-    ménagère : 6

-  couturière : 4.

c ) Conclusion

Nous notons une grande diversité dans les emplois surtout pour la première période étudiée (1858-1861), cette constatation étant surtout vraie pour les pères. Cette situation s'explique-t-elle par une faible industrialisation de Senlis au XIXe siècle ? En effet, les ouvriers semblent peu nombreux. Les métiers cités correspondraient plus à une commune artisanale et rurale, à noter en particulier la forte proportion de jardinier, maraîcher, cultivateur (9 sur 47 entre 1888 et 1895). Malheureusement, peu de familles ont été retrouvées et seule la connaissance de !'ensemble des professions pourrait permettre des conclusions plus précises.

III)          Des parents rétifs.

Comme nous l'avons déjà vu avec l'échec de la crèche de Trie-le-Château, les parents hésitaient souvent à placer leurs enfants dans ces établissements. Avaient-ils compris les objectifs et les avantages de ces institutions toutes récentes ? Des 1892, les responsables de Saint-Quentin expliquaient que les ouvriers n'utilisaient pas les crèches, qu'ils considéraient comme des hôpitaux. [18] Préféraient -ils confier leurs petits à des voisines, qu'ils connaissaient mieux. Ces gardeuses n'avaient-elles pas le mérite d’être moins exigeantes à l'égard de la propreté et de la vaccination des enfants. Les parents, qui vivaient dans les mêmes quartiers n'étaient sans doute pas scandalisés par le manque d’hygiène et l'inconfort des logements des nourrices. Souhaitaient-ils aussi éviter I' immixtion dans leur vie privée de dames moralisatrices ou d'industriels paternalistes. D'autre part, certaines mères pouvaient craindre à juste titre, les risques de contagion. Ainsi, l'inspectrice Gevin-Cassa! interrogea, en 1907, quelques ouvrières pour connaître les raisons qui les incitaient dédaigner les crèches beauvaisiennes : « Deux d'entre elles m'ont dit qu’elles trouvaient le prix de journée trop fort. Une troisième m'a dit qu' elle avait eu une fois son bébé à la crèche et qu'il y avait gagné des maux d’yeux ». [19]

a ) Age des enfants.

Selon la législation de 1862 et 1897, les crèches recevaient les enfants « Jusqu' à ce qu'ils puissent entrer en salle d' asile ou qu' ils aient accompli leur troisième année " . [20] En général, les établissements de I' Oise acceptaient les petits âges de 15 jours à 3 ans. [21] La crèche rurale de Thieux repoussait la limite à 5 ans. [22] Cette extension s'expliqua-t-elle par l’absence d'école maternelle dans cette petite commune de la campagne ?

Mais dans ce domaine comme dans d'autres, le règlement n'était pas toujours parfaitement respecté. Aussi, le 4 octobre 1898, la sœur Elisabeth, surveillante à Compiègne, signala la présence parmi les 20 pensionnaires, de 3 enfants âgés de plus de 3 ans ; le conseil d'administration décida alors leur renvoi, car « ce serait contraire au règlement de la crèche et au détriment de l'école maternelle ». [23] De même le 3 octobre, sur 32 présents, 6 avaient dépassé la limite d’âge. Cinq furent donc dirigés vers l'école maternelle, une exception fut faite pour l'enfant Charlet, « aveugle et infirme dont l’intérêt bien entendu commande le maintien provisoire à la crèche. » [24]

Parfois, les responsables autorisaient !'admission d'enfants plus âges : [25]

  • le 2 août 1897 admission d' Adrienne Muzardon, 4 ans, pendant les vacances scolaires jusqu'au 1er octobre. Sa mère travaillait alors à la crèche comme gardeuse intérimaire, en remplacement de Mme Eloi et de sa fille.
  • le 1er mai 1901, admission de la fille Dubois, 3 ans 1/2. La mère était en service, le père parti comme soldat en Afrique (Algérie). (Effectif total de la crèche 30 enfants).
  • le 3 septembre 1901, admission exceptionnelle de Jeanne Berthelon, 3 ans 1/2 pendant l'hiver, jusqu'à avril 1902. (Effectif 21)
b ) les enfants de la crèche de Senlis.

Lors de la création en 1845, les Senlisiens fixèrent la limite d’âge à 2 ans, [26] suivant en cela l'exemple de la crèche de Chaillot et, par la suite, maintiendront ce principe au mépris des législations successives (1862- 1897) et de l'évolution des pratiques dans les autres établissements. En effet, E. Marbeau expliquait, en 1897, que l'expérience avait montré la nécessite d'accueillir des pensionnaires plus vieux : « on reconnut bientôt que la plupart des enfants ne sont pas en état à 2 ans de suivre l'exercice de la salle d'asile, la limite d’âge fut reculée jusqu'à 3 ans. »[27] De toute façon, à Senlis comme à Compiègne le règlementn'était pas toujours scrupuleusement respecté. L'étude du registre d'inscription [28] nous montre qu'entre 1888 et 1903, sur 264 nouveaux admis, 2 furent, reçus bien qu'ayant dépassé la limite d’âge (un à 28 mois, l'autre à 3 ans). Ce registre n'indique pas toujours clairement les dates de sortie des pensionnaires. Mais, tout nous porte   à croire qu'ils n'étaient pas renvoyés de l'institution dès qu'ils avaient fêté leur deuxième anniversaire. Sur les 264 nouveaux admis, nous avons dénombré 124 filles et 136 garçons (comme 4 enfants se prénommaient Camille, nous n'avons pas pu déterminer s'il s'agissait de garçons ou de filles).

 

 

 



[1]  La législation exigeait, pour chaque crèche, la tenue d'un registre d'inscription indiquant en particulier les noms, adresse et professions des parents. (article 11 de 1862, article 14 de 1897). Lors de nos recherches (archives départementales et communales), nous n'avons trouvé qu'un exemplaire à Senlis (côté 9 Q 6 «  crèches registre d'inscription des enfants 1888 -1911 »). Malheureusement, il est incomplet et mal tenu et de ce fait difficilement exploitable.

[2] Voir chapitre sur le personnel (surveillantes religieuses).

[3] Règlement de Senlis, St-Quentin (Beauvais), Noyon : A.D de l'Oise 3X ...

Règlement de St - Jacques (Beauvais) : A.M de Senlis 90 5.

[4] Rapports moraux St-Jean 1884, St-Quentin 1903-1904-1906. A.D 3X ...

[5] Rapport d'inspection de Mme Gevin-Cassal adresse au ministre de l’Intérieur, inspection générale des services administratifs 1er juillet 1907. A.D 3 X ..

[6] La Puériculture Sociale : Crèche, crèches permanentes et pouponnières, consultations de nourrissons ; gouttes de lait  H. Bouquet 1911 ; Archives de !'Assistance Publique Cote A 803. H Bouquet

[7] Règlements de Senlis, St- Quentin (Beauvais), Clermont A.D 3X St-Jacques A. M Senlis

9 Q 5. La législation de 1862, texte de référence pour les responsables des crèches, précisait : « L’usage (des crèches)pourra être refusé aux mères dont la conduite habituelledonneraitlieu à de gravesreproches ». (Article 13) (30 juin 1862) A.D de l'Oise 3X•

[8] Lettre du ministre de l’Intérieur au préfet de l'Oise 10 novembre 1894, A.D 3 x...

[9] Rapports moraux St-Jean 1902, St-Quentin 1906 A.D 3X ....

[10] Rapport d'inspection 1er juillet 1907 A.D 3 X .....

[11] ldib.

[12] La Puériculture Sociale Dr H. Bouquet, op.cit.

[13] De1831à1906, la moyenne annuelle des naissances illégitimes oscille entre un minimum de 65 000 et un maximum de75 000, environ 7 % des naissances pendant la Monarchie de Juillet et le second Empire 8,5% environ à la fin du siècle, 8,8% à veille de la guerre de 1914. Histoire des Français XIX XXe sous la direction d' Y Lequin  Un peuple et son pays p. 219.

[14] Crèche Registre d'inscription des enfants 1899-1911 9 Q 6 A.M de Senlis.

[15] Recensements de 1858,1861, 1888, 1891, 1896 : 2Mi 68-612 R2 et 2Mi 68 612 R3 A.D de l'Oise

[16] Ces familles avaient inscrit un enfant à la crèche de Senlis en janvier 1857. Deux d'entre elles étaient déclarées indigentes en 1858 :

- une famille de6 enfants, père charretier, mère journalière

- une femme de5 enfants, père maréchal-ferrant, mère journalière.

Enfin, un couple de fabriquant de balais était recense indigent en 1861. il avait 7 enfants. Nous n'avons pas trouvé trace de ces personnes dans le recensement de 1858.

[17] II s'agit bien sûr de la situation déclarée lors des recensements étudies. Mais, dans certains cas, nous pouvons légitimement penser que quelques femmes élevaient déjà seules leurs enfants au moment de l'admission de ceux-ci à la crèche de Senlis.

Exemples : enfant inscrit en avril 1891, mère déclarée veuve en 1891, (manouvrière) 2 enfants, (le 1er avait été admis en juillet 1887.)

[18] Rapport moral1892 A.D de l'Oise 3 X.... Propos repris dans d'autres rapports 1893, 1902pour St-

Quentin et 1901 pour St-Jacques.

[19] Rapport d'inspection 1er juillet 1907 A.D de l'Oise 3 X .... Op. cit.

[20] Article 1 er 1862. Article 1er 1897 A.D de l'Oise 3 X .....

[21] 15 jours à 3 ans pour 4 règlements St • Quentin (Beauvais), Clermont, Tracy le Mont, Trie le Château. A.D de l'Oise 3X .... Moins de 3 ans pour Noyon A.D de l'Oise 3X      et St - Jacques

(Beauvais), Senlis A.M de Senlis

[22] Règlements et statuts arrêtes par les membres de la C.A A.D de l'Oise 3X ....

[23] Registre des délibérations C.A de la crèche municipale A.M de Compiègne. Rappelons que !'article 1er du règlement indiquait : « La crèche est ouverte aux petits enfants depuis le 1er âge jusqu’à leur entrée soit en salle d’asile, soit à l’école enfantine » Extrait de registre des délibérations du conseil municipal de la ville de Compiègne 12/07/1886. A.D de l'Oise 3X ....

[24] Registre des délibérations de C.A de la crèche municipale de Compiègne A.M Compiègne

[25] Ibid.

[26] Règlement 1845, 1868, 1897 AD de l’Oise 3X …

[27] Bulletin de la société des crèches n°86 avril 1897 AM de Compiègne

[28] Op.cit., A.M de Senlis 9 Q 6

[29] Graphique réalisé à partir du registre d'inscription A.M de Senlis 9 Q 6. Notre étude s'arrête en car au-delà les données du registre sont incomplètes. Nous n’avons pas tenu compte des deux enfants âgés de plus de 2 ans.

 

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  • Intéressée par l’histoire, j’ai effectué, des recherches dans plusieurs services d’archives sur les thèmes de l’enfance, des sages-femmes. Vous trouverez dans ce blog les écrits rédigés à partir de ces recherches. N. Dejouy
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