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Contributions à l'histoire de l'enfance aux XVIIIe et XIXe siècle
8 janvier 2023

Santé et état physique des abandonnés à leur exposition.

Sur les procès-verbaux d’exposition, étaient énumérés et minutieusement décrits les vêtements portés par les enfants abandonnés. Pour cela, les enfants étaient déshabillés et leurs corps également observés. Ainsi, sur les procès-verbaux, on trouve des descriptions de leurs caractéristiques physiques et des marques cutanées « naturelles » ou « artificielles » réalisées par les parents pour une identification ultérieure et également de leurs maladies, de leurs infirmités.

Dans les billets, certes peu nombreux, des mères, des parents se montraient soucieux de la santé et du bien-être de leur progéniture ; ils apportaient des précisions concernant leur alimentation, signalaient leurs pathologies pour faciliter leur prise en charge et assurer une continuité des soins ou par crainte d’erreurs, de mauvais traitements. Ainsi, le 26 janvier 1819, Etienne Désiré Tocop était accueilli à la crèche de l’hospice ; âgé de 14 mois, « il est vacciné, il vient d’être sevré, dans ce moment [il a mal] derriere la tête depuis peu de temps ».[1]

Parfois, les parents écrivaient dans les billets que la maladie ou le handicap dont souffrait leur enfant, les contraignaient à l’abandonner pour son bien ou pour protéger la fratrie. Ainsi, en 1823, Louise Clairon, enfant légitime de 4 ans, surnommée Bolo était abandonnée : « cette petite fille est épileptique, ses parents quoique malheureux et chargée de trois autres enfants, en bas âge, ne l’auraient point exposés s’ils n’eussent craint les accidents que peut occasionner cette maladie terrible »[2]. En 1827, les parents de Flavir François, 3 ans l’exposaient par « crainte de le voir perir sous leurs yeux et communiquer sa malie à ses autres frères »[3] .

Certains réclamaient des soins médicaux ou chirurgicaux. En 1850, les parents de Celeste Guerot,7 mois, sollicitaient le chirurgien : « il est très incommodé pour le moment je crois quétant chez vous l’on pourrait lui faire une certaine opération »[4]

Dans d’autres cas, les parents ne précisaient rien toutefois, on peut penser que le handicap était pour beaucoup dans leur recours au tour surtout quand l’enfant grandissait et que sa prise en charge devenait alors plus complexe. Avant d’être abandonnés, certains avaient bénéficié de soins : vaccination, pose d’emplâtre.

Observation du corps des enfants abandonnés.

A l’admission, le corps des enfants était observé ; sur le plan cutané, les tâches naturelles, les excroissances, les brûlures accidentelles ou volontaires, les tatouages étaient décrits. Toutes ces informations étaient parfois répétées ou notées uniquement dans les billets laissés auprès des enfants. En effet, les parents qui envisageaient de reprendre ultérieurement leurs enfants pensaient utiliser ces caractéristiques cutanées ou ces marques réalisées par eux-mêmes comme moyens d’identification au même titre que les différents objets (rubans, médailles…).

Ainsi, le 1er Brumaire An 11, des jumeaux de 14 mois étaient exposés. Mathieu Désiré, surnommé Alexis, présentait, selon le PV et le billet : « une marque au col du coté droit occasionnée par un abset qui a formé cette cicatrice » ; son frère, François Mathieu surnommé Félix, indemne de toutes marques corporelles portait « un bracelet de perles vertes » [5]

Des tâches de naissance

Sept enfants, abandonnés entre 1816 et 1852, présentaient des tâches de naissance, appelés « tâche naturelle, envie, fraise ». Parmi eux, il y avait 2 nouveau-nés, 3 enfants de 2 à 3 mois, les plus âgés avaient 16 mois et 3 ans. Ces tâches étaient situées sur le front, la gorge, les reins, le ventre et le côté gauche.

On le sait, ces tâches de naissance (angiomes, hémangiomes) qui présentent différentes formes et couleurs peuvent avec le temps s’atténuer puis disparaître ou au contraire s’étendre. En 1835, les parents du petit Auguste, 2 mois, prirent la précaution d’ajouter une autre marque : « pour remarque, au coté Droit de la gorge, une envie de la forme d’une lentille, un ruban de soie couleur tulipe large de trois pouces et long d’environ un quart »[6] 

Des blessures

Parfois, étaient constatées chez les enfants exposés des blessures plus ou moins graves.  En 1813, Justine Dreux, abandonnée à la naissance, présentait « une petite égratignure a la fesse droite » [7].  Plus grave, Joseph Bonnefon âgé de 8 jours « offre Plusieurs contusions à la tête »[8] : petit garçon victime d’une chute ou maltraité ?

En l’an 12, Marthe Félicité, 4 ans fut admise, victime de mauvais traitement : « loeil gauche très meurtri ainsi que le joue qui porte lempreinte de tous les doigts de la main ». Interrogée par l’officier de police, Jean Foucher, elle révéla que son père était l’auteur de ces coups et que sa mère avait quitté le foyer, elle-même victime de violences conjugales.

A.M.O. 3Q 5. Procès de verbal de l’exposition de Marthe Félicité 11 messidor an 12.

Des coupures

Cinq enfants présentaient des coupures. Pour trois d’entre eux âgés de 2 jours, 22 jours et 2 ans, il était clairement indiqué qu’il s’agissait d’un acte volontaire. Ainsi, Jean Bicaron, 22 jours avait « une petite coupure » à l’oreille droite ainsi expliquée : « La dite mère a marquait la petty enfant a loreille droite en espérant de la reconnaitre au bout de six en cy poussible »[9]. Les sages-femmes pouvaient également être sollicitées ; ainsi, en 1855, la femme Rigault qui exerçait à Gien écrivait dans le billet déposé avec la petite Marthe, 5 jours : « les paren ont voulu que je lui coupe loreille gauche de crainte que lon lui change ».[10]

Pour les 2 autres enfants, on peut penser aussi à une marque même si cela n’était pas noté ; en effet, il s’agissait d’un nouveau-né et d’un garçon de 3 jours. Quatre coupures concernaient une oreille, la cinquième était située au bras droit.

Des brûlures

Chez 10 enfants, il fut constaté une brûlure dont la localisation était généralement indiquée :

-       Cuisse, fesse : 3

-       Bras : 3

-       Dos : 1

-       Jambe :1

-       Non indiqué : 2

Dans un seul cas, il s’agissait d’un accident. En 1825, la mère du nouveau-né Michel Ivin priait de « prendre soin de lui, car il lui est arrive un accident d’avoir été brule d’une cuillerée de bouillon qui malheureusement a été repandu sur lui »[11]

Comme pour les coupures, les autres brûlures avaient été infligées volontairement comme marques de reconnaissance même chez des nouveau-nés. On sait parfois comment ces brûlures avaient été réalisées : une clef, une bague. Dans le billet qui accompagnait la petite Louise, 15 jours, des soins spécifiques étaient sollicités, inquiétude de la mère, des parents qui craignaient une mauvaise cicatrisation : « on voudra bien avoir la bonté de soigner sa brulure »[12]

Des marques et des tatouages

Avec la petite Louise, nous avons repéré pour la période allant de 1805 à 1854, 23 enfants marqués soit comme elle par brûlure soit par tatouage.

Année

 

Nom de l’enfant

Sexe

Age

 

Marques et tatouages

1805

Adrien Charles

M

2,5 ans

« …sur la jambe gauche etai ecrit avec de l encre adrien charles »

1812

Arlenne Noël

M

Nouveau-né

« marqué MM au bras droit »

1813

Valache Joséphine

F

5 mois

« bras gauche marque d’un B »

1817

Tonnois

 Louis

M

1 mois

 « il porte la marque C sur chaque épaule »

1817

Laurange

Louise

F

15 jours

« elle est marquée dans le dos d’un R et d’un L on voudra avoir la bonté de soigner sa brulure »

1818

Ladube François

M

Nouveau-né

« étant marque sur l’epaule gauche »

1818

Crinise

 Louise

F

Nouveau-né

« est marqué au bras gauche d’un T »

1818

Clardet

 Louis

M

10 jours

« porte au bras droit par piqure d’epingle de triangle » (dessin de 2 triangles)

1820

Diosse Ernestine

F

20 mois

« marque fesse droite BC »

1820

Labarre

Renée

F

Nouveau-né

« marqué d’un A à la partie interne du bras gauche »

1820

Debaives Judith

F

5 jours

« on lui a brulé la fesse gauche d’une petite clef afin de la reconnaître » (Reproduit ci-dessous)

1827

Ira

Alfred

M

Nouveau-né

« marqué à la faisse gauche d’un rond de dée »

1834

Oval

Pierre

M

2 jours

« sur chaque bras deux LL lettres initiales des noms de ses parents »

1842

Copin

Louis

M

Nouveau-né

« marque d’une clef sous le bras droit »

1843

Grenat

Calixte

F

2 jours

« avant bras gauche a Deux taches noires à sa face externe »

1849

Qerue

Françoise

F

12 jours

« Pour remarque à la cuisse gauche une croix noire »

1850

Forton

Thérèse

F

1 an

10 mois

« au cote gauche un petit signe representant une fraise »

1851

Leucol

Juliette

F

1 mois 11 jours

« une croix a été imprimée sur l’épaule gauche de cet enfant et la forme d’un J »

1852

Frisque

Cécile

F

1 jour

« l’enfant a été tatoué sur la joue gauche »

1853

Gromany

Alexandre

M

Nouveau-né

« il est tatoué au bras gauche »

1854

Trouy

Pierre

M

20 jours

« sur le bras gauche deux lettres L.D »

1854

Puyvert

Pauline

F

2 mois

« l’enfant est marquée d’une croix au bras droit »

1854

Terville

Alexandrine

F

3 jours

« sept petits points noirs sur le bras droit »

Enfants abandonnés marqués, tatoués d’après les procès-verbaux d’exposition 1803-1855.

A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans, Debaives Judith, 1820, n° 379.

Cette pratique concernait 10 garçons et 13 filles. La présence du sexe féminin peut étonner : ces brûlures, ces tatouages étaient a priori indélébiles ; les parents n’étaient-ils pas soucieux de préserver la beauté de leur fille ? Généralement, ces marques étaient effectuées sur le membre supérieur (épaule, bras 15 cas), le membre inférieur (jambe, cuisse 4 cas), fesse (3 cas) et le dos (2 cas) : des zones du corps peu dévoilées à l’époque. Parfois, elles étaient plus visibles ; Cécile, 1 jour, était « tatouée sur la joue gauche »[13] en 1852.

Les enfants ayant subi ce traitement pouvaient être très jeunes : 7 étaient nouveau-nés, 4 avaient moins d’une semaine. Le plus vieux avait 2 ans et demi. Au moment de son exposition, en l’an 13, on constatait qu’il présentait « une brulure au bras droit et sur la jambe gauche etai ecrit avec de l encre adrien charles »[14] Ce petit garçon avait son prénom écrit sur son corps, pour les autres, il s’agissait de lettres, de croix, de points…

On peut imaginer que ce geste fut pour eux douloureux. Il est vrai que pendant longtemps, la douleur chez l’enfant fut impensée, niée.

Cette pratique s’expliquait par la crainte des parents d’erreur d’enfant lors de la restitution. Elle fait penser au marquage des animaux, à l’esclavage ou à la flétrissure[15] que la population devait bien connaître et cela n’a pas dissuadé les abandonneurs d’utiliser ce moyen de reconnaissance alors que d’autres possibilités existaient : dépôt d’objets.

Des enfants abandonnés malades

Des pathologies non précisées

Au cours de nos recherches, nous avons retrouvé 26 enfants malades au moment de leur abandon, information indiquée dans le procès-verbal ou notée sur le billet laissé par les parents.

La plupart du temps, les parents évoquaient la mauvaise santé de leur enfant. En 1853, la mère de Adrienne Gennault, 1 mois, précisait : « chère sœur je vous confie mon enfant bien malade, je vous prie ayez ant bien soint » et ajoutait « espère retiré et savoir de ses nouvelles lhospice en sera recompensé »[16] ; celle de Marie Boiry, 1 mois et demi, semblait avoir un peu attendu avant de se résoudre à s’en séparer en 1854 : « lanfant est malade depuis 8 jours »[17]. Avait- elle tenté de la soigner elle-même pendant ce laps de temps ?

Certains enfants étaient admis très dénutris et avec un état général très altéré. En 1822, Magdelaine Tézard était ainsi décrite : « un enfant de sexe féminin en état d’Ethisie et évidemment imbécile, âgé d’environ 10 ans et demi »[18]. L’étisie signifie amaigrissement extrême.

 Des parents abandonnaient leurs enfants, car « le voyant deperir a nos yeux »[19] et pensaient que « [l’enfant] ait mieux ycy que languire chez eux »[20]

Ces parents miséreux dans l’incapacité de nourrir leurs enfants espéraient les sauver en les confiant. Étaient-ils informés de la forte mortalité qui régnait l’hospice ou chez les nourrices ?

Des pathologies diagnostiquées

La petite vérole

Sur les billets laissés auprès de leurs enfants, des parents informaient respectivement en 1808 et 1820 que leurs fillettes âgées de 15 mois et 4 ans avaient déjà contracté la petite vérole. Pourquoi donner cette information ? Pour expliquer les cicatrices sur le corps des enfants ? A l’opposé, ceux de Marie Danielli, 3 ans, précisaient « n’a pas eu la petite verolle ». Est-ce pour alerter et appeler à la vigilance en cas d’épidémie ?

La petite vérole, autre nom pour la variole, était une pathologie bien connue et redoutée aux XVIII et XIXe siècles. L’ensemble de la population, jeunes ou vieux, pauvres ou riches pouvait être atteint. Parfois mortelle (elle fut fatale à Louis XV en 1771), elle laissait ceux qui en guérissaient avec des cicatrices, le visage grêlé tel Robespierre.

Pour s’en prémunir, la femme de l’ambassadeur de Grande-Bretagne en Turquie importa le procédé de la variolisation qui arriva en France pendant la Régence. Parfois à l’origine d’accidents, elle eut ses adeptes, dont Voltaire et ses détracteurs. Mais elle ne fut pas pratiquée massivement dans la population française. Des inoculateurs célèbres comme Tronchin intervenaient auprès des Grands, des nobles du royaume ; Louis XVI reçut lui aussi «la petite vérole artificielle »

En 1796, l’Anglais Jenner proposa une autre prévention : la vaccination à partir de la variole de la vache (vaccination de bras à bras au tout début). En France, la première vaccination eut lieu en 1799. Mais, au début, la population se montra réticente et les autorités tentèrent d’inciter à cette pratique. La Rochefoucauld-Liancourt fonda le Comité national de la vaccine en 1801 ; Parmentier proposa dans un rapport à Chaptal l’inoculation gratuite de la vaccine aux enfants des familles indigentes. Enfin, Napoléon, très favorable à cette méthode, fonda en 1804 la Société pour l’extinction de la petite vérole en France par la propagation de la vaccine. En 1811, il fit vacciner en sa présence le Roi de Rome. Tous ses efforts portèrent et les Français finirent par se faire vacciner. Marie France Morel écrit que les mères du début du XIXe étaient très demandeuses de vaccination parfois « à l’insu du mari», «en période  d’épidémie, elles pleurent, supplient en brandissant leurs bébés car elles craignent qu’on ne manque de fluide ou refuse de vacciner un enfant déjà atteint».[21]

En 1811 et 1844, des parents précisaient que leurs fillettes âgées de 9 mois pour deux d’entre elles et 18 mois pour la plus vieille n’étaient pas vaccinées. Désiraient-ils, comme que les mères citées ci-dessus, voir leurs enfants vacciner rapidement ?

En l’an 9, le rédacteur des procès-verbaux observait chez deux enfants du même âge (6 ans) des pathologies qu’il pensait être des séquelles de la petite vérole. Il notait au sujet de Catherine Cyrille, abandonnée le 21 Messidor avec son jeune frère de 18 mois, lui-même en bonne santé : « aveugle (suit un mot illisible) accident de la petite vérole». Puis, le 4 Thermidor, il se montra moins sûr de son diagnostic en examinant Gaetan Abdon : «ayant une Cicatrice sur la paupiere de l’oeil Gauche lequel est entierement ferme et vide Soit par leffet de la petite verole Soit de cette cicatrice ».Diagnostic fondé ou pas ? Cela montre bien que les gens de cette époque connaissaient bien cette pathologie qui survenait par épidémies.

 Maladie vénérienne.

En 1808, les parents « sans ressource »[22] de Louis Leon ignoraient de quoi souffrait leur enfant d’un mois, mais il leur semblait important de préciser dans leur billet : « ne croyez pas que la maladie de ce malheureux enfan vienne de suite de debauche de père ni de mère et les chirurgiens qui le visiteron en feron foi grâce a Dieu ! Tous deux se portent bien, oui ils se porten »[23]. Les enfants exposés étaient, en effet, parfois considérés comme les enfants de la débauche d’où leur commentaire.

Toutefois, certains exposés étaient bien porteurs de maladies vénériennes contractées au cours de la grossesse ou lors de l’accouchement.

En effet, ce sujet revenait fréquemment au Conseil général lors des débats sur la fermeture du tour ou sur la mortalité infantile et également dans les rapports médicaux. En 1846, le Dr Jallon qualifiait les enfants de « produits ordinaires de la corruption des mœurs » ; l’année suivante, le Dr Pelletier évoquait comme cause de mortalité la syphilis.[24]

D’autre part, avec les exposés au tour, étaient admis à l’hospice de manière ponctuelle qui parfois devenait définitive des enfants dont les mères étaient hospitalisées à l’Hôtel-Dieu. Et certaines d’entre elles (parfois des prostituées) souffraient de pathologie vénérienne avérée, contre-indiquant l’allaitement maternel. Enfin, des enfants placés contaminèrent leurs nourrices. Dans des courriers datant d’octobre 1850, nous apprenons que la femme Jourdain réclamait aux hospices une indemnité « pour le mal vénérien que lui aurait transmis un nourrisson de l’hôpital » la petite Christine Joséphine Favru, placée le 9 août. En fait, comme elle n’aurait pas dû mettre l’enfant au sein, sa demande fut refusée : « enfant était donné à boire à la femme Jourdain pour être élevé a boire selon la demande quelle en avait faite »[25], « considérant, d’ailleurs qu en tout état de cause, si la femme Jourdain eut executé sa promesse et rempli la condition du livret, l’enfant favru eut été élevé a boire et la nourrice, agissant comme elle devait le faire n’eut point compromis sa santé et ne serait exposé a aucun danger »[26] . Cette enfant exposée le 5 août 1850 « nouveau-né » décéda le 8 novembre 1850 ; nous ignorons la cause de son décès.

L’année précédente, une autre nourrice, la veuve Garnon de la Ferté-Saint-Aubin avait obtenu plus aisément une indemnisation « en compensation des Dépenses que lui a Occasionnées une maladie vénérienne qu’un nourrisson de l’Hospice lui avait Innoculée et qu’elle a transmise à deux de ses enfants dont l’un est mort et l’autre mourant » ; quelques mois plus tard, la commission demandait une augmentation de l’indemnité : « en présence de Circonstances fâcheuses ». [27]

En 1849 également, un diagnostic de syphilis était établi chez une autre nourrice de Huisseau sur Mauve, Madeleine Boucher veuve Fouée. Le 27 janvier 1849, elle était en effet hospitalisée afin de « s’y faire traiter d’une maladie syphilitique qui lui a été transmise par l’un des deux enfants appartenant à notre hospice, qui lui avait été donné en nourrice et qu’elle allaitait ; L’un de ces enfants, celui qu’on suppose lui avoir Inoculé le Virus est mort chez elle le 7 février 1847 Dans un etat de Putréfaction et l’autre qu’elle a pris le 13 du même mois de février est aujourd’hui atteint du même mal a été  par elle ramené à l’hospice … jugé par le medecin de nos hospices être dans un etat desespéré ». Elle était accompagnée de ses deux enfants âgés de 7 et 3 ans pour lesquels un accueil provisoire était sollicité jusqu’à sa guérison. Les responsables de l’hospice s’inquiétaient de la propagation de cette nouvelle : « Quoiqu’un cas semblable soit très rare, Il nous parait prudent et essentiel de le tenir caché afin que sa révélation ne vienne point effrayer les nourrices et entraver le placement de nos enfants ». [28]

Les autres maladies.

Trois enfants âgés de 4, 8 et 10 ans souffraient d’épilepsie ou de convulsion. La plus jeune, Louise surnommée Bolo, déjà citée précédemment, avait été abandonnée à cause de cette maladie.  Augustin Faustin, exposé le 11 septembre 1816, « degas avance en age »  était  lourdement handicapé et nécessitait une prise en charge spécifique, bien détaillée dans le billet écrit par « un pauvre Malheureux », sans doute son père :  « ne fait que voire et entendre, ils faut le faire Manger  lui mettre dans la bouche soit de la Soupe ou de la mie de pain …ils na pas le Mouvement de la Mâchoire libre ils ayant pus macher La Croute de pain ils avale la nourriture celle qu’on lui met dans la bouche… le faire boire et Manger trois fois le jour… nous avons soin de l’attacher avec sa Bretelle dans sa chaise » . Le chirurgien de l’hôpital, Leveque , venu examiné cet « infortuné » précisa que cet enfant « parait âgé de 10 ans environ et que l’Etat de maladie ….est sans doute l’effet des convulsions epprouvées dans sa jeunesse lui rend et lui rendra toujours necéssaire et même indispensable des soins assidus que sa position réclame », il présentait également « defaut absolu de mouvement dans les membres , un etat complet d’imbecillité » [29] La troisième, Julienne Latique, 8 ans, était ainsi décrite sur le procès-verbal d’exposition : « épileptique, mal conformé et paraissant imbécile »[30].

Ces enfants avaient donc été abandonnés à un âge avancé. Les familles avaient, semble-t-il, attendu avant de les exposer. S’étaient-elles décidées à cause de l’aggravation de la maladie, par épuisement ou de nouvelles difficultés ne permettaient plus garder  ces enfants : maladie, misère, arrivée d’un autre enfant … ?

D’autres maladies moins graves étaient évoquées. Sur le billet que portait Jules Pierre Cermin, 1 an, était écrit en 1817 : « vous ne serez pas étonnée s’il est fatigué, car il a la maladie du caro »[31]. Le carreau est la dénomination populaire de certaines maladies abdominales infantiles où le ventre est gros et dur.[32] En 1806, Henriette Liberal, 8 mois, « a des peau sur la vue elle demande vos soins pour sa guérison ».[33]

Enfin, 4 enfants âgés entre 2 mois et 4 ans étaient atteints de gale (une fois orthographiée « galle »), teigne et « sujete à la vermine dans la taite »[34], informations consignées dans leurs billets.

Des enfants handicapés.

Le mot handicap n’est pas utilisé à l’époque dans les procès-verbaux d’exposition ; les enfants sont qualifiés d’« infirmes » .

« Des vices de conformation et défauts de conformation »

Quatorze enfants présentaient des malformations plus ou moins graves : bec de lièvre, gibbosité, malformations au niveau des mains, des pieds, souvent très bien décrites dans les procès-verbaux d’exposition. Le 10 prairial an 11, concernant Pierre Landry, 5 ans et demi, le commissaire Foucher notait : « examen fait de cet enfant nous avons remarque qu’à la main droite il y avait par defaut de conformation un pouce de moins que du poignet au coude la distance n’est pas dans la proportion du bras ».[35] Interrogé par le commissaire, l’enfant déclara « qu’il s’appelait Pierre sans pouce et qu’il avait cinq ans ».[36] Il avait été abandonné avec son jeune frère de 3 ans, Etienne qui lui ne présentait pas de malformation. Le 1er Frimaire an 12, Marthe Sophie Catherine était exposée ; elle souffrait de polymalformations bien spécifiées dans un certificat médical dont la teneur est reproduite dans le tableau ci-dessous.

Deux enfants, Marthe et François, présentant « un bec de lièvre au plus fort degré »[37] étaient exposés respectivement en 1820 et 1821, dès leur naissance. Nous pouvons penser que leur abandon était lié à cette malformation impressionnante pour des personnes qui n’y avaient jamais été confrontées :  difficultés pour les alimenter ? Rejet de ces malheureux enfants défigurés ? Sentiment de honte ou de culpabilité de la mère, des parents ? Dans son étude, Isabelle Le Boulanger évoque ce dernier point : « Des couples légitimes peuvent se sentir coupables d’avoir mis au monde un enfant mal formé qui dénonce, du moins le pensait-on dans les sociétés chrétiennes du haut Moyen Age, un péché des parents ».[38] Son étude concerne les Côtes-du-Nord au XIXe siècle, un département peut-être plus religieux ou superstitieux que le Loiret ; nous n’avons pas retrouvé de tels propos dans les billets laissés par les parents. Au XVIIIe siècle, René-Jacques Croissant de Garengeot expliquait dans son Traité des opérations de chirurgie (1738) comment opérer la fente labio-palatine. On peut penser que les familles de Marthe et François ignoraient cette possibilité d’intervention peut être réservées seulement à certaines malformations et avec sans doute un fort taux d’échec.

A l’opposé, les malformations touchant les mains des enfants n’expliquaient sans doute pas à elles seules l’abandon, car n’empêchaient pas les enfants d’être autonomes et de travailler contrairement à la cécité ou à certains retards psycho moteurs.

L’ensemble des malformations sont récapitulées dans le tableau ci-dessous.

 

   Année

exposition

Nom enfant

    Age

 

    « vices de conformation »

An 13

Germur

Maximillien

4 ans

« infirme à cause de deux gibbosités qu’il porte devant et derrière ce qui le rend tout de travers »

1820

Birmon

Marthe

Nouveau-né

« bec de lièvre au plus fort degré »

1821

Afon

François

Nouveau-né

« bec de lièvre au plus fort degré »

1847

Rochon

Louise

1 an et

10 mois

« les deux pieds tournés en dehors »

1852

Paulet

Jean

6 jours

« un pied bot (le gauche) »

An 12

Marthe

Sophie

6 ans

« infirme

1°de la main droite le pouce se trouvant replié sous les quatres autres doigts qui sont également repliés ce qui annonce qu’ils se trouvent dans cette position depuis le moment de la naissance ou par leffet de la dentition

2°lenfant tourne la jambe droite par une incommodité qui parait s’être fixée également »

An 11

Landry

Pierre

5,5 ans

« à la main droite il y avait par defaut de conformation un pouce de moins que du poignet au coude la distance n’est pas dans la proportion du bras »

1818

Delin

François

Nouveau-né

« infirme de la main droite, il est privé de trois doigts après la source »

1819

Assain

André

Nouveau-né

« Les deux mains de cet enfant offrent à quelques modifications près le vice de conformation qu’on nomme Patte d Oie »

1848

Olivar

Etienne

Nouveau-né

« un vice de conformation au pouce droit avec une excroissance en forme de pois attachée à la première phalange »

1849

Endimion

Gertrude

Nouveau-né

« deux pouces à chaque main »

1853

Signol

Jules

Nouveau-né

« un deuxième petit doigt à la main gauche »

1855

 Margery

Jean

Nouveau-né

« les deux doigts intermédiaires de la main joints jusqu’auprès de la première phalange »

« Vices de conformation » des enfants abandonnés d’après les procès-verbaux d’exposition 1803-1855.

Handicap sensoriel

Quatre enfants exposés étaient aveugles ; ils étaient âgés entre 2 mois et 6 ans. Deux étaient sourds pour l’un d’eux, Pierre Beaulieu, l’origine de son handicap était précisée : « depuis six mois sourd et muet provenant d’une chute de son berceau »[39] comme écrit dans le billet ci-dessous. 

 

Retard psychomoteur

Cette expression « retard psychomoteur » n’est bien sûr pas employée à cette époque. Cependant, les précisions notées dans les procès-verbaux ou les billets signalant des retards dans les acquisitions des enfants permettent d’envisager ce diagnostic ;  par exemple en l’an 3, Suzanne du Martroy, 27 mois : « ne parlant ny ne marchant »[40],  puis, en 1817, Madeleine Amarante, 21 mois, qui « ne peut parlé que maman et mangé »[41]

En revanche, le mot « imbécilité » est utilisé. Ainsi, Jean, exposé à l’âge de 3 ans en 1810 expliquait « la mort de mon père laissant ma mère avec trois enfants en bas âge sans moyen d’existence l’a forcée vu mon état d’imbécilité à m’exposer pour recevoir dans cette maison les secours donnés à l’indigence » [42]. Il décéda en 1830 à 23 ans à l’hospice [43]. On peut penser qu’il avait été transféré au quartier des aliénés à un moment donné. De même, plus tard en 1835, Hippolyte, même âge est « atteint D’imbecillite » [44]

Ces 7 enfants furent exposés, âgés entre 21 mois et 5 ans, assez tardivement donc, le temps que les familles s’aperçoivent du handicap, comprennent que ces enfants ne pourront pas travailler et participer à l’économie familiale et que leur prise en charge devienne trop difficile.

A l’époque, les enfants de la ville et de la campagne participaient, très jeunes, aux activités au sein de la famille. Ils pouvaient aussi travailler comme domestiques, exercer une activité artisanale à domicile ou dans des fabriques, comme le décrit Louis-René Villermé dans son enquête de 1835-1837.[45]

Des enfants soignés avant d’être abandonnés

Avant d’être exposés, quelques enfants avaient bénéficié de soins : sans doute un autre signe de la préoccupation parentale.

Soins préventifs

Nous l’avons vu certains étaient vaccinés contre la petite vérole. Nous avons également trouvé trace d’autres actions préventives : en 1818, était retrouvé sur Eugénie « dans son col, un gros fil auquel était attaché des bouts de patte de taupe »[46]. Dans les pratiques de médecine populaire des XIXe et XXe siècles, la taupe (dent, patte, fil de taupe, main taupée) possédait de nombreuses vertus thérapeutiques préventives ou curatives contre les maux de dents, les céphalées, les coliques et les hémorragies. Vu l’âge de la petite fille : 17 mois, on peut penser que ses parents tentaient ainsi de la préserver de douleurs occasionnées par les poussées dentaires.

Plus tard, en 1827, Léon fut abandonné avec « un petit sachet de soie rose dans lequel est des pattes de taupe attaché avec un cordon de soie de couleur passé »[47]. Comme Eugénie, cet objet était placé « dans son cou ». Il avait 2 mois et 8 jours, peut-être espérait-on le protéger des coliques ou autres problèmes digestifs fréquents à cet âge.

Dans leur ouvrage, « Des bébés et des hommes », C. Rollet et M.F. Morel évoquent d’autres « amulettes » destinées à protéger la santé des enfants : médailles religieuses, colliers de perles d’ambre, de corail, de verre, de gousses d’ail. [48] De nombreux enfants abandonnés à l’hospice d’Orléans portaient des colliers et des médailles généralement bien détaillés dans les procès-verbaux d’exposition et souvent signalés dans les billets. Cependant, nous ignorons quelle était leur finalité : objet prophylactique, objet de reconnaissance ou les deux à la fois.

 

                                               Collier de pattes de taupe. Normandie 19ème.[49]

 

Soins curatifs

D’autres, 4 enfants âgés entre 3 mois et 3 ans portaient à un bras un emplâtre vésicatoire (« vissicatoire, vecicatoire » si l’on respecte l’orthographe des documents) ou son empreinte. Selon, la définition du Larousse, un emplâtre est une préparation thérapeutique adhésive destinée à être appliquée sur la peau (ce qui semble être le cas pour ces enfants) ou à être étendue sur des bandes de tissu. L’adjectif vésicatoire fait référence à un remède topique qui ulcère la peau et qui provoque ampoules ou soulèvement de la peau.

 Nous ignorons l’efficacité de ces soins. Et l’échec thérapeutique, l’aggravation de la maladie expliquent peut-être l’abandon du petit Charles, 3 mois : « il ne se porte pas très bien, car il a les emplatres au bras gauche » [50]

Soins donnés à la naissance

D’autre part, deux nouveau-nés avaient bénéficié de soins dès la naissance. Dans la 1ère situation, en 1839, la sage-femme avait agi dans le cadre de l’urgence en faisant quelques points de suture au niveau du cordon ombilical rompu du fait de la chute de l’enfant à la naissance, la mère de Marie était seule lors de son accouchement. Cette femme était sans doute pauvre, car la layette portée par le nouveau-né était qualifiée de mauvaise. Le billet décrivant le geste réalisé est reproduit ci-dessous. Par précaution, l’avis du chirurgien était requis.

A.MO. Registre d’état civil des naissances d’Orléans de Lerbach Marie. 1839 n° 1044.

En 1824, le nouveau-né Claude était exposé « les deux mains enveloppées de linge ». Sur le billet qui l’accompagnait, on lit : « quand aux sang il a été produit par la section de deux doigts surnumeraires »[51] . Cette intervention avait -t-elle été réalisée sur la demande de la mère, des parents ? Ou avait-elle été proposée par une sage-femme, un chirurgien ? Cette opération était-elle fréquemment pratiquée ? Quelle en était le coût ? Pourquoi l’effectuait chez un enfant destiné à être exposé ? D’autres enfants nouveau-nés avaient été abandonnés avec des doigts en plus ?

 

Alimentation des enfants au moment de l’abandon.

Outre des renseignements concernant la santé de leurs enfants, des parents jugèrent nécessaire de préciser sur les billets la manière dont les abandonnés étaient nourris. Ces écrits montrent qu’ils étaient soucieux du bien-être de leurs enfants : espéraient-ils ainsi permettre une continuité dans la prise en charge, éviter des erreurs ou atténuer les effets de la séparation ?

Sein, biberon, sevrage

Dans 48 billets, la mère, les parents (voire un tiers) donnèrent ce type d’indication : allaitement au sein ou au biberon. Les enfants étaient âgés de quelques jours à plus de 2 ans. Il s’agit de phrases laconiques à l’orthographe très variée. En voici quelques exemples :

-        « enfant eleve a boire » Germain, 8 mois (1819)

-        «il ai cevrée » Blaise, 3 mois (1816)

-        « l anfant a été alette »,Jean, 5 mois (1814)

-        « non sevrée » Henriette, 8 mois (1806)

Parfois, l’impossibilité de nourrir l’enfant constituait la raison de l’abandon. Ainsi, Louise Julie Rabotaux fut exposée à l’âge de 3 mois « sa mère ne pouvant pas la nourrire étant bien malade et n’ayant plus de lait el promet bien de retirer de l’hopitalle quand elle sera sevrez » [52]. La mère de la petite Marie Camet, « une enfant age de 2 mois qui a été alaité tout ce temps » [53] était obligée en 1829 de la confier à l’hospice, car elle ne pouvait plus payer la nourrice.

A la lecture de ces billets, on peut envisager le traumatisme vécu par ces enfants qui, en plus de l’abandon, subissaient un sevrage brutal. Ainsi, dans le billet, on fait dire à Thérèse Bepeau, seulement 25 jours : « j’ai tétée jusqua ce jour ma mère »[54]

Soupe, bouillie, panade

Plus rarement (9 billets), le régime alimentaire était précisé : soupe, bouillie, panade… « sa mère étant morte quelques temps après [la naissance] », Louise, 5 mois, « fut sevré, elle boit du lait légèrement sucré et coupé avec de l’eau de vie claire, elle mange aussi de la bouilly » [55]. Alphonse,7 mois, « boit du gruau et du lait il ne tete pas »[56]. Joséphine,18 mois, « boit chaus et mange que de petite panades »[57]. Et, enfin, Joseph plus âgé, 3 ans « itete et boit imange sa soupe trois fois par jour » [58]

Dans « Enfances d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui », Marie-France Morel écrit : « Traditionnellement, on considère que le lait maternel est nécessaire, mais pas suffisant ; dès le premier mois, on le complète par des nourritures solides : bouillies de froment et de lait de vache, panades à base de pain, pomme cuites, bouillies de châtaignes… »[59]

Demandes des parents

Parfois, des parents émettaient des souhaits quant à la prise en charge de leur progéniture et la mise en nourrice. En 1816, la mère de Pierre, 23 jours, écrivit ou dicta : «il a coutume de boire je voudrais que lon continuent » [60]. La plupart, du temps les parents de nouveau-nés sollicitaient une mise en nourrice. 

Ainsi, le 11 ventôse An 9 (2 mars 1801), la mère de René Louis dit Caramouche, 17 mois, recommandait « je prie la nourice d’avoir toutes les attentions possibles vue sa petitesse et quil nest pas sevré, je prie la nourice de le coucher dans un berceau acote d’elle pour lui donner a boire la nuit, et surtout a être gene pas dans ses langes »[61] . Plus tard, les parents de Jean,19 jours, expliquaient « faut quil est une nourises aletée vous me randres un grand service »[62].

Ce type de demande sont principalement émises dans les années 1840/ 1850 ; on peut penser que les discours sur les bienfaits de l’allaitement maternel étaient connus et qu’à défaut du sein de la mère, le recours à une nourrice allaitante était souhaité. Les parents parlaient de « donner une nourrice à teter ». A l’opposé, pour une enfant plus âgée, 10 mois, la demande était ainsi formulée : « pas la mettre en nourise par que elles sevré » [63]. Pourquoi cette requête : Rosalie n’avait plus besoin de lait de femme. Sa mère craignait-elle un trop grand éloignement ?

Biberons

Pour 3 enfants, l’objet utilisé pour les nourrir était cité : « letrol, tetrolle, bouteil ». En 1821, Charles était exposé à l’âge de 4 mois avec  son biberon habituel : « il est élevé à boire dans une petite bouteille et une eponge qui et dans ses langes au bout de la bouteil » [64]. Quant à Stanislas Léon Gaude, 21 jours environ, il fut retrouvé avec « une téterolle en étain attachée autour du cou »[65]. Parfois, l’étain pouvait contenir du plomb avec un risque pour les enfants d’intoxication :  saturnisme, danger ignoré à l’époque.

Ci-dessous, le billet retrouvé auprès de Magdeleine, 20 jours.

A.M.O. 3Q 5 Proccès-verbal d'exposition, billet  30 vendémiaire an 11.

Le filet de la langue

Plus anecdotique, une particularité physique susceptible de gêner la mise au sein était signalée pour 2 nouveau-nés en 1811 et 1812 : la présence d’un frein lingual. On lit ainsi dans le billet laissé auprès de Louis Charles Thiais « je vous observe quil a le filet »[66].

 Le filet est un frein buccal restrictif qui peut nuire au bon déroulement de l’allaitement au sein : douleurs chez la nourrice (crevasses, engorgement), tétées difficiles pour l’enfant (fatigue, mauvaise prise du mamelon, perte de poids…)

Qui avait constaté la présence de ce filet ? La sage-femme qui avait examiné l’enfant à la naissance, la mère expérimentée qui le constata lors d’une mise au sein ou en observant le bébé pleurer. Les deux enfants furent abandonnés rapidement après leur naissance, ils n’avaient sans doute pas beaucoup tété ; souvent, les nouveau-nés étaient laissés à jeun et le colostrum n’était pas donné. On peut penser à une remarque de la sage-femme. En 1609, Louise Bourgeois dite Boursier écrit dans ses Observations « il faut aussi passer doucement le doigt sous la langue pour voir s’ils ont le filet, et s’ils l’ont, il ne faut que l’on essaye de le rompre, l’ongle étant vénéneux leur faire venir le chancre ou ulcère ; le chirurgien étant entendu à telle affaire, avec une pointe de ciseau l’ôtera sans hasard » [67]

Plus étonnant est la demande notée sur le billet de Louise Alphonsine Burzy : « Louise Alphonsine exposée le mercredi 25 janvier 1843 a lage de dix mois …veuillé vous assurer si elle na pas le fillet »[68]. L’âge de cet enfant est surprenant : 10 mois un peu tard pour s’inquiéter de la présence ou non du frein de la langue.

Mourir dans le tour.

Les enfants abandonnés étaient beaucoup plus exposés à une mort précoce : mère pauvre, dénutrie, grossesse cachée impliquant la poursuite d’un travail difficile, voire dangereux, accouchement solitaire, prématurité … Pour certains d’entre eux, le tour fut le lieu de leur décès.

Des enfants trouvés morts dans le tour.

De 1808 à 1851, 66 enfants (30 filles et 36 garçons) furent retrouvés décédés dans le tour de l’hospice d’Orléans. On trouve la trace de ces enfants à la brève existence dans les tables décennales où ils figurent sous le nom d’anonyme.

64 enfants étaient âgés de moins d’un mois, parmi lesquels 60 étaient qualifiés de nouveau-nés.[69] Le plus vieux avait 2 mois. Les tours avaient été ouverts pour assurer l’anonymat des mères, des parents et également préserver la vie des enfants : éviter leur exposition sur la voie publique, aux portes des églises … et permettre par le système des cloches leur prise en charge rapide. Or, 66 enfants furent retrouvés morts dans le tour.

Les termes utilisés dans les registres d’état civil étaient :

- « trouvé mort » : 9

- « exposé mort » : 27

- « mort-né » : 15

- « mort » : 7

Ils ne permettent pas de connaître le moment ou les circonstances du décès : en ce qui concerne les nouveau-nés, on peut s’interroger : mort in utero, au cours de l’accouchement, enfant né vivant puis décédé par la suite, sur les lieux de la naissance, pendant le trajet, dans le tour (retard dans la prise en charge au niveau de l’hospice ?). Et pour les enfants ayant vécu 12 jours, 21 jours, 2 mois, que s’est-il passé ? Certaines indications notées sur les billets ou les certificats des chirurgiens apportent des éclaircissements. Ces praticiens étaient sollicités afin de rechercher des traces de violence sur le corps des enfants. Une autopsie était effectuée ; le terme de la gestation, l’âge de l’enfant, la cause du décès étaient alors parfois précisés.

16 enfants étaient prématurés. Les termes employés étaient : « né avant terme », « venu a … », « fœtus environ… », « fœtus âgé de… ». Le mot fœtus fut utilisé à 7 reprises, 6 fois pour qualifier des enfants nés avant terme, mais aussi pour le petit Louis « un enfant fœtus a terme qui a été trouvé mort »[70]. Dans 13 cas, le terme de la grossesse fut précisé entre « 5 mois » et « 7 à 8 mois ».

 La prématurité était alors la cause du décès. Le 10 juin 1820, le chirurgien de l’hospice M. Levêque le confirmait  sur son certificat : « J’ai examiné cet enfant qui m’a paru être venu au monde tout au plus au terme de cinq mois ; et je n’ai découvert chez lui d’autre cause de mort , que l’imperfection et la faiblesse de ses organes ».[71] Le 20 mars 1839, un nouveau-né de sexe masculin fut « exposé mort […] il présente l’aspect d’un fœtus de 5 mois et demi à 6 mois qui ne permet pas d’être viable ( et ne présente pas) de trace de contusion ou strangulation »[72]  précisait à nouveau  le praticien.

Un nouveau-né avait été baptisé ; 4 autres avaient été ondoyés sans doute au cours d’accouchements dystociques ou lors de naissances prématurées faisant craindre la mort de l’enfant avant son baptême. Cela montre l’intérêt des parents. En effet, les enfants non baptisés ne pouvaient pas être enterrés dans les cimetières, en terre consacrée et leurs âmes étaient condamnées à errer pour l’éternité et tourmenter les vivants. A partir du XII-XIII siècle, ces âmes en peine sont accueillies dans le Limbe des enfants.[73] Dans 5 cas, la mère ou les parents avaient prénommé leurs enfants, mais leur choix ne fut pas respecté par 2 fois et ils furent déclarés anonymes.

Le 11 décembre 1821, un « mort-né venu à cinq mois de terme » fut retrouvé dans le tour ; le billet qui accompagne la petite précise « a été ondoyé une heure après sa naissance »[74]. Dans cette situation, le décès semble lié encore à la grande prématurité qui a imposé l’ondoiement. Pour d’autres nouveau-nés baptisés ou ondoyés, il n’y a pas de notion de naissance avant terme et on peut évoquer alors un accouchement difficile fatal à l’enfant. 

Dans quelques cas, on est sûr qu’il ne s’agit pas d’une mort in utero, car le chirurgien attestait que l’enfant avait respiré sans parfois expliquer sur quels signes cliniques il se basait pour l’affirmer.A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans, rapport d’autopsie du docteur 1843 n° 844.

Dans l’autopsie dont le compte-rendu est reproduit ci-dessous, le chirurgien est plus prolixe.

A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans, rapport d’autopsie du docteur Lanoix fils, 1840 n° 509

Les praticiens recherchaient systématiquement des traces de violence sur le corps des enfants trouvés sans vie dans le tour. On peut imaginer que certains succombèrent par défaut de soins (volontaires par rejet de l’enfant ou imposés par l’indigence) voire du fait de maltraitance physique. Ainsi, le 2 novembre 1843, le Dr Pelletier, appelé pour examiner une enfant exposée morte la veille, établissait un certificat ainsi conçu : « …la sœur préposée au Dortoir de la crèche a présenté un Enfant de sexe féminin offrant à mon examen des traces de mort violente ». L’âge n’était pas précisé. A son arrivée, elle était vêtue de « deux couches de toile, Deux serre tête de calicot ». [75] Il alertait alors la commission administrative des hôpitaux qui transmettait le jour même son certificat au Procureur du Roi.

Le 28 janvier 1823, des jumelles nouveau-nées furent exposées mortes dans le tour d’Orléans. La prématurité (même si elle n’est pas citée dans le registre d’état civil), la dystocie fréquente pendant un accouchement gémellaire, le faible poids de naissance expliquent sans doute leur décès. Dans le passé, le taux de mortalité infantile (mortalité endogène) était élevé chez ces enfants. [76]

Outre des questionnements à propos du moment et des causes du décès de ces enfants, on peut également s’interroger sur les raisons de leur exposition. S’agissait-il d’un abandon prévu de longue date ou d’une décision prise à la suite de leur naissance ? Leur état de santé faisant craindre une issue fatale, leur décès expliquait-il le recours au tour ?

Bien sûr, l’illégitimité était sans doute une explication. Déposer anonymement à l’hospice un enfant vivant ou mort permettait de sauvegarder l’honneur de la famille.

 La misère en était sans doute une autre. Si l’on compare avec la vêture des abandonnés vivants dont il sera question dans une autre contribution, on constate que les 66 enfants étaient généralement exposés dans un état de grand dénuement : sans vêtements, enveloppés dans divers tissus, souvent en guenille. Ainsi, les jumelles évoquées ci-dessus étaient enveloppées en hiver « d’une mauvaise manche de chemise d’homme et un lange … tout en guenille » [77] . Les enfants prématurés qualifiés parfois de fœtus étaient généralement peu couverts ce qui prouve peut-être l’impréparation de cette naissance trop précoce surprenant une accouchée qui éventuellement ignorait son état de grossesse et qui avait recours à l’abandon. En 1812, la nouveau-née « née morte au terme de 7 mois » était « enveloppée seulement d’une couche pour suaire » [78]. Cependant, des enfants a priori nés à terme étaient aussi peu vêtus ce qui peut prouver la grande misère des familles. Des parents miséreux décidés de longue date à l’abandon avaient-ils choisi de déposer leur enfant mort sans habits par souci d’économie ? 

Certaines familles qui a priori n’envisageaient pas l’abandon avaient-elles déposé leur enfant mort dans le tour ne sachant que faire du corps, surtout en l’absence de baptême ? Quel regard était porté sur le corps des prématurés 5 ou 6 mois non viables ?

En 1810, un « enfant de sexe féminin, âgé, d’environ trois jours, trouvé mort ; mais présumé tel de la veille, par l’Etat de Putréfaction, où il paraissoit Être » était retrouvé dans le tour. Elle était très bien habillée : « vêtu d’une Chemise, d’une Brassiere de laine, enveloppé d’une couche, d’un lange de laine blanche, la tête couverte d’un Béguin, d’une Calotte d’indienne jaune à fleurs brunes et d’un linge Sur la figure, un Ruban de fil étroit et deux Perles jaunes ».[79] Aucun billet l’accompagnait ; on ignore si elle avait été baptisée et elle n’était pas nommée. S’agit-il de parents désemparés qui espèrent ainsi que leur nouveau-né sera enterré ? ou d’un enfant né en dehors d’Orléans et décédé pendant le trajet ?

En 1820, une petite fille âgée de 21 jours selon l’estimation du chirurgien fut retrouvée dans le tour : « je soussigné, Docteur en médecine, chirurgien de l’hôpital général, certifie qu’il a été exposé hier soir, à neuf heures, un enfant mort de sexe féminin. -cet enfant paraissait avoir vécu environ trois semaines et l’inspection de son corps ne m’a fait découvrir aucun signe de mort violente ; signé Levêque »[80]. Elle aussi était très bien vêtue ; Il n’y avait aucune information quant à un éventuel baptême ou une déclaration à l’état civil. Pourquoi déposer une enfant morte, âgée de 3 semaines ?

Sans entrer dans l’étude de la mortalité des enfants exposés qui fera l’objet d’une publication ultérieure, on peut néanmoins déjà apporter éléments pour éclairer la présence de ces enfants morts dans le tour.

En 1846, le Dr Jallon avançait des hypothèses et posait quelques diagnostics pour expliquer la forte mortalité : « Une cause commune de mortalité, la plus incontestable et la plus funeste, existe dans la constitution des enfants trouvés. Produits ordinaires de la corruption des mœurs, ils sont, même avant leur naissance, saturés des vices que le libertinage a puisés à des sources impures ; beaucoup d’entre eux ne paraissent à la lumière que pour montrer les plus grandes infirmités. Parmi ceux qui résistent à ces éléments de destruction, un grand nombre est affligé de maladies des articulations et de la peau, d’ulcères scrofuleux, etc. L’idiotisme, l’épilepsie ne les épargnent pas non plus. »[81]

L’année suivante, le Dr Pelletier apportait des précisions chiffrées : « Sur les 353 enfants exposés en 1846, 208 sont décédés dans la même année, c’est-à-dire avant un an d’âge » dont 122 le furent à l’hospice. Parmi ces derniers ont dénombrés :

« Enfant mort-né : 1

  Jumeaux nés faibles et non viables : 6

 Exposés non viables, nés avant terme ou atteints de maladies siphilitiques : 60 ».

À la vue de ces deux constats, on pourrait presque s’étonner de pas trouver, sur la période étudiée, plus d’enfants morts dans le tour ; malheureusement pour beaucoup des nouveau-nés, le décès intervenait, peu après l’admission à J + 1, + 2 ou 3.

 



[1] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 1830 n° 143.

[2] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 1823 n°1245.

[3] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 1827 n° 770.

[4] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 1850 n°234.

[5] A.M.O. 3Q 5. Procès-verbaux d’exposition, 1 Brumaire An 11.

[6] A.M.O, Registre d’état civil des naissances d’Orléans Liverpol Auguste 1835 n°344.

[7] A.M.O, 3Q 8. Procès-verbaux d’exposition des naissances d’Orléans n° 07/10/1813

[8] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans, 1839 n° 392.

[9] A.M.O, 3Q 10. Procès-verbaux d’exposition 12/08/1818.

[10] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans Marthe Dornot 1855 n° 92

[11] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans n°  06/01/1825.

[12] A.M.O, 3Q 10. Procès-verbal d’exposition, Laurange Louise Marie, 08/10/1817.

[13] A.M.O. Registre d’état civil d’Orléans naissance de Frisque Cécile 1842 n° 102.

[14] A.M.O. 3Q 5. Procès-verbal d’exposition d’Adrien Charles Maurette 27 fructidor an 13.

[15] Flétrissure : peine afflictive et infamante consistant à marquer au fer rouge un condamné sur l’épaule droite d’abord d’une fleur de lys puis de lettres. Peine abolie en 1791 et rétablie en 1810.

[16] A.MO. Registre d’état civil des naissances d’Orléans, 2 eme série n° 216.

[17] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans, 2 eme série n°122. 

[18] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 1822 n° 567

[19] A.M.O. 3Q 6. Procès-verbal d’exposition de Clément Ceron âgé de 4 mois, 28/11/1808.

[20] A.M.O. 3Q 10 Procès-verbal d’exposition de Françoise Mirdon âgée de 6 mois, 10/5/1817

[21] Morel Marie-France. Les soins prodigués aux enfants : influence des innovations médicales et des institutions médicalisées (1750-1914). Médecine et déclin de la mortalité infantile. In: Annales de démographie historique, 1989. Le déclin de la mortalité. pp. 157-181.DOI : https://doi.org/10.3406/adh.1989.1737 www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1989_num_1989_1_1737

[22] A.M.O. 3Q 6. Procès-verbal d’exposition16/12/1808.

[23] Ibib.,

[24] A.D 45 PO 53 1846 délibérations du Conseil général Rapport Dr Jallon 13/07/1846 et AD 45 PO 53 1847, délibérations du Conseil général Rapport du Dr Pelletier 14/08/1847.

[25] A.D. 45. 2L 26. Registre des délibérations de la commission administrative de l’hôpital général d’Orléans 19/10/1850 

[26] Ibib.

[27] AD 45. 2L11. Registre de correspondance active de l’hôpital général d’Orléans. Lettre au préfet du 22/11/1849

[28] AD 45. 2L11. Registre de correspondance active de la commission de l’hôpital général. Lettre au préfet du 29/01/1849

Nous avons retrouvé l’acte de décès de l’enfant placé chez la nourrice Madeleine Boucher : Auguste Edouard Salers avait 18 jours. Registre d’état civil des décès de Huisseau-sur-Mauves. 1847 n° 7.

[29] A.M.O,3Q 9.  Procès-verbal d’exposition, 10/9/1806.

[30] A.M.O, 3Q 10. Procès-verbal d’exposition, 22/5/1820.

[31] A.M.O, 3Q 10. Procès-verbal d’exposition, 18/5/1817.

[32] https://fr.wikipedia.org/wiki/Maladie_du_carreau

[33] A.M.O 3Q6. Procès-verbal d’exposition, 8/4/1806.

[34] A.M.O,3Q6 Procès-verbal d’exposition de Benjamin Louise Gabrielle Eulalie, âgée de 2 mois. 22/09/1807

[35] A.M.O, 3Q5 Procès-verbal d’exposition, 22/2/1819.

[36] Ibib.

[37] A.M.O, 3Q10. Procès-verbal d’exposition 17/04/1820 de Birmon Marthe A.M.O,3Q10. Procès-verbal d’exposition 13/01/1821 de Afon François Augustin. Ces 2 enfants sont qualifiés de nouveau-nés

[38] Le Boulanger, Isabelle, L’abandon d’enfants. L’exemple des Côtes-du-Nord au XIXe siècle. Presses universitaires de Rennes, 2011 p.164. L’auteure cite Jean-Louis Flandrin.

[39] A.M.O. 3Q 5. Procès-verbal d’exposition de Pierre Beaulieu, 29 ventôse an 11.

[40] A.M.O. 3Q 5 Procès-verbal d’exposition 26 thermidor an III.

[41] A.M.O. 3Q 10 Procès-verbal d’exposition 09/10/1817.

[42] A.M.O. 3Q 7 Procès-verbal d’exposition 20/03/1810.

[43] A.M.O. Registre d’état civil registre des décès d’Orléans 1830 n° 721

[44] A.M.O. Registre d’état civil des naissances Hippolyte Bentaillou 1835, n° 1073.

[45] Voir le livre C. Rollet Les Enfants au XIXe siècle, coll : La vie quotidienne, Hachette Littératures 2001. Chapitre 4 : Le travail de l’enfant, enjeu économique.

[46] A.M.O. Procès-verbaux d’exposition 3Q10, Eugénie Bizau, 12/09/1818

[47] A.M.O Registre d’état civil des naissances d’Orléans, Léon Eugène Balu 1827 n° 358

[48] Rollet C. Morel M.F. « Des bébés et de hommes. Traditions et modernité des soins aux-tout-petits » A. Michel 2000 chapitre Les Amulettes. Voir aussi GAILLARD-SEUX, Patricia. Pratiques magiques antiques et médecine populaire en Anjou (XIXe-XXe siècles) In : Médecine et hôpitaux en Anjou : Du Moyen Âge à nos jours [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2009 (généré le 09 juillet 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/99551>. ISBN : 9782753566620.

DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.99551.

[49]Exposition dentaire Rouen 2006 "L'art dentaire, croyances, soins, prévention" https://www.biusante.parisdescartes.fr/aspad/expo58.htm

[50] AMO. 3Q10. Procès-verbaux d’exposition de Charles Claude Huquain,25/10/1818

[51] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans Claude Marie Alipin 07/03/1824 N°286

[52] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 04/01/1832 N° 16

[53] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 03/06/1829 N° 543

[54] A.M.O Registre d’état civil des naissances d’Orléans 10/03/1830 N° 270

[55] A.M.O. Procès -verbaux d’exposition, 3Q10, Herpiha Louise Augustine Stephanie 28/12/1819

[56] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 08/01/1828 N° 30 Alphonse Félix Belenfant

[57] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 17/02/1830 N° 194 Joséphine Plert

[58] A.M.O. 3Q 5, Procès-verbaux d’exposition de Joseph Quanor 17 brumaire an 10

[59] M. Guidetti, S. Lallemand, M-F Morel Enfances d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Coll. Cursus. Armand Colin 1997, p. 79 voir aussi à ce sujet la préparation de la bouillie, l’alimentation à la cuillère et la signification symbolique de la bouillie

[60] A.M.O. 3Q 9. Procès-verbaux d’exposition de Pierre Galur 26/04/1816,

[61] A.M.O. 3Q 5. Procès-verbaux d’exposition de René Louis dit Caramouche 11 ventôse An 9 (2 mars 1801)

[62] A.M.O. 3Q 11. Procès-verbaux d’exposition de Vannier Jean 21/06/1847.

[63] A.M.O. 3Q 9. Procès-verbaux d’exposition 20/07/1815, Rosalie Gnolet

[64] A.M.O. 3Q 9 Procès-verbaux d’exposition,24/06/1821, Charles Alexandre Dossente

[65] A.M.O. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 1855 N° 216

[66] A.M.O. 3Q 8 Procès-verbaux d’exposition 25/08/1812

[67] Bourgeois Louise dite Boursier. Observations diverses sur la stérilité, perte de fruits, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés suivi Instructions à ma fille. 1609 Ed côté-femmes 1992 p 96

[68] AMO Registre d’état civil d’Orléans 26/01/1843 N°31

[69] 66 enfants : 60 nouveau-nés,1 âgé de 1 jour, 1 de 3 jours,1 de 12 jours, 1 de 21 jours,1 de 2 mois, 1 âge non indiqué.

[70] AMO Registre d’état civil de naissance 18/01/1826 n° 72.

[71] AMO registre d’état civil de naissance 10/06/1820 n° 747.

[72] AMO Registre d’état civil de naissance 20/03/1839 n° 812.

[73] Morel Marie-France La Mort d’un bébé au fil de l’histoire, op.cit. Gelis Jacques. Les Enfants des Limbes. Mort-nés et parents dans l’Europe chrétienne. Audibert 2006.

[74] AMO. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 11/12/1821.

[75] A.M.O Registre d’état civil des décès d’Orléans 1843 N° 1393

[76] Voir sur ce sujet Brunet Guy, Bideau Alain, Foroni Fabrice, « Les naissances gémellaires du XVIIe siècle à nos jours. Approche familiale dans les campagnes de la région lyonnaise », Annales de démographie historique, 2004/2 (no 108), p. 39-52. DOI : 10.3917/adh.108.0039. URL : https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2004-2-page-39.htm

[77] AMO. Registre d’état civil des naissances d’Orléans 1823 n°115.

[78] AMO. Registre d’état civil des décès d’Orléans 1812 n°164.

[79] AMO Registre d’état civil décès d’Orléans 1810 n° 906

[80] AMO Registre d’état civil naissance d’Orléans 1820 n°1379

[81] AD45, PO53 1846. Délibération du Conseil général du Loiret, rapport du Dr Jallon, 13/07/1846

 

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Contributions à l'histoire de l'enfance aux XVIIIe et XIXe siècle
  • Intéressée par l’histoire, j’ai effectué, des recherches dans plusieurs services d’archives sur les thèmes de l’enfance, des sages-femmes. Vous trouverez dans ce blog les écrits rédigés à partir de ces recherches. N. Dejouy
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